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jeudi 28 mars 2024

Motion

Cela fait plusieurs semaines qu’en France les partis d’opposition annoncent qu’ils viseront le gouvernement d’une nouvelle motion de censure, alors que l’Élysée veut faire passer en force la réforme sur les retraites. Emmanuel Macron, lui, n’a pas hésité à menacer ses adversaires politiques en déclarant qu’en cas de motion de censure il dissoudrait l’Assemblée Nationale et appellerait donc à de nouvelles élections législatives. Une menace qui n’a pas eu l’effet escompté, les parlementaires de la Nupes et du Rassemblement National ayant voté lundi malgré tout la motion de censure. Une motion unique, présentée par la coalition de gauche auquel s’est joint à la dernière minute le groupe RN. En effet, contre toute attente, les députés du Rassemblement National ont voté en début de semaine en faveur du texte déposé par la Nupes. Un coup politique qui viserait notamment à fragiliser la droite. «Le groupe que j’ai l’honneur de présider votera également la motion de censure présentée en des termes acceptables de l’autre côté de l’hémicycle», a ainsi lancé la présidente du groupe RN à l’Assemblée. A la tribune, Marine Le Pen a fustigé «l’arrogance» du gouvernement, avant d’assurer ne pas craindre «les menaces de dissolution» du président. Pourtant, il y a une semaine, Le Pen expliquait que les députés RN ne voteraient pas la motion de l’alliance des partis de gauche. «En une semaine, ce qu’il s’est passé, c’est qu’il y a eu le dépôt de leur motion, que j’ai lue», a ensuite expliqué Marine Le Pen aux journalistes, en assurant qu’il ne s’agissait pas d’un virage à 180 degrés. «La rédaction de leur motion de censure n’est pas idéologique et se base sur les mêmes fondements que nous». Grâce aux voix du RN, venues s’ajouter aux votes de la Nupes, la motion de censure de la gauche a recueilli 239 suffrages. Loin, certes, des 289 voix (la majorité absolue) nécessaires à son adoption. Mais dans ces conditions, les 62 députés LR auraient pu changer la donne et faire tomber le gouvernement en s’associant aux autres partis d’opposition. L’occasion pour le RN qui tente depuis des années déjà de gagner l’électorat de droite de démontrer aux électeurs LR que l’opposition de leurs représentants ne se traduit pas en actes et que lorsqu’il s’agit de prendre des décisions difficiles, les parlementaires de droite se rangent avec le gouvernement. «Les Republicains sont la bouée de sauvetage du gouvernement. Cela clarifie les choses», a déclaré après le vote le député RN Sébastien Chenu. Réponse du président des députés LR, Olivier Marleix : «On les laisse dans leur union du désordre. Nous avons une colonne vertébrale, nous ! On n’est pas là pour participer à des enfantillages de ce genre». Pour le Rassemblement National, ce choix de voter la motion de censure de la gauche permet aussi de poursuivre sa stratégie de recherche de respectabilité. «Nous avions dit que nous ne nous interdisions rien. Nous sommes des gens ouverts», assume Sébastien Chenu. «Cela démontre que nous ne sommes pas sectaires, que notre seule boussole est l’intérêt de la France et des Français», a également insisté Marine Le Pen, n’hésitant pas à dénoncer en retour «le sectarisme» de la Nupes. En une après-midi, Marine Le Pen, que l’on disait «nulle», aura tout de même réussi à défier le président de la République sur sa menace de dissolution, à mettre la droite face à ses contradictions et à embarrasser la Nupes qui doit désormais assumer de voir le RN voter ses propositions à l’Assemblée. Reste à voir si l’ex-présidente du RN saura maximiser son bon coup politique et surtout garder le cap, car le mandat d’Emmanuel Macron ne fait que commencer.

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