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jeudi 28 mars 2024

Mostaganem: Le poulpe hors produits à large consommation… donc exportable

Le poulpe est ce céphalopode auquel la grande majorité des consommateurs algériens ne s’intéressent pas, ou rarement. Un produit qui ne figure sur presque aucune recette culinaire algérienne.

Par Lotfi Abdelmadjid

Dans les années quatre-vingt, cet invertébré était un produit de la fausse pêche que l’on jetait par dessus bord, lors du tri des poissons pêchés. A Mostaganem comme ailleurs en Algérie, des pionniers dans l’exportation de ce céphalopode, ont appris à l’élaborer et l’ont placé sur les marchés européens, ceux qui lui ont donné une valeur ajoutée. Aujourd’hui, ce produit a incité des investisseurs à se structurer afin de le valoriser et valoriser sa pêche. Le commerce du poulpe a généré bien des emplois surtout dans les wilayas côtières. Beaucoup d’usines d’élaboration, notamment des infrastructures frigorifiques coûteuses, ont été érigées depuis la relance du plan de pêche des années 2000. En effet, dans les villages et les douars côtiers, plus particulièrement dans les zones rocheuses, tout un réseau de pêcheurs de poulpe à la cruche s’y sont installés, une main-d’œuvre spécialisée dans la capture de cet invertébré. Cette main-d’œuvre existe bel et bien avec à la clé des familles à nourrir. Après cela, il y a les autres, les transporteurs de camionnettes frigorifiques, généralement issus du dispositif ex-Ansej, qui font la tournée des plages pour le ramassage de ce produit pêché. La vente du poulpe sur les quais des ports de pêche par la flottille constitue la «part» des marins-pêcheurs embarqués. Les exportateurs engagent, à leur tour, tout une main- d’œuvre formée pour l’élaboration, la classification et la congélation du poulpe. Des employés qui se sont spécialisés pour répondre aux exigences des marchés européens notamment l’Espagne, principal client. Les usines sont des investissements qui répondent aux normes internationales car c’est un impératif pour l’obtention de l’agrément à l’export. Un agrément qui passe par l’accord préalable de l’UE. Suite au blocage à l’export annoncé par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, c’est la consternation chez les exportateurs de poulpe. La stupeur de voir briser une chaîne d’activités qui ne travaille que pour exporter. Il doit y avoir des quantités énormes stockées, prêtes à être expédiées aux clients, mais la décision du ministère du Commerce va faire des dégâts dans le milieu du poulpe. Des investissements menacés par la fermeture, la faillite du secteur, des familles dans le désarroi, des postes d’emploi détruits aux portes du mois sacré du ramadhan. Le ministre de la Pêche parcourt les ports de pêche afin de promouvoir la production, la profession et le secteur et le ministre du Commerce bloque toute une tradition à l’export. Exporter hors hydrocarbures est bien une stratégie de l’Algérie et le poulpe est un produit que tous nos voisins du Maghreb exportent. C’est inquiétant de voir que le ministère du Commerce va à l’encontre de sa politique de promouvoir les exportations.
L. A.

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