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vendredi 29 mars 2024

Morts en série des malades en détresse respiratoire / Pr Nibouche : «La gestion de l’oxygène est archaïque en Algérie»

Tandis que de nouveaux tristes records sont enregistrés quotidiennement, les hôpitaux sont au bout de l’asphyxie et ne parviennent pas à traiter tous les cas de détresse respiratoire causés par le Covid-19. Pour le Pr Djamel-Eddine Nibouche, «la gestion de l’oxygène est archaïque et il faut moderniser les structures pour régler le problème».

Par Louisa Ait Ramdane

L’Algérie enregistre depuis le début du mois de juillet des chiffres très élevés de cas de Covid officiellement recensés toutes les 24H, dépassant la barre des 1 500 contaminations par jour. La situation n’est plus préoccupante, elle est dramatique, car l’épidémie s’aggrave avec l’apparition des nouveaux variants, s’est alarmé le professeur Djamel-Eddine Nibouche, chef de service cardiologie de l’hôpital Nafissa- Hamoud, ex-Parnet, Alger. «Lorsqu’on analyse la maladie, on voit qu’elle est périodique, avec des phases d’accalmie où il y a un fond de contaminations et puis, d’un seul coup, la contamination devient importante», a-t-il relevé, recommandant de s’y préparer.
Pour lui, les hôpitaux sont inadaptés à la prise en charge du coronavirus et de ses variants. «Nos structures actuelles, surtout dans les grandes villes, ne sont pas adaptées pour une prise en charge adéquate du Covid et d’un nombre aussi important de patients qui présentent des problèmes», a relevé l’intervenant.
Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale, il dira que la solution passe par la réalisation de nouvelles structures dédiées au Covid-19. «Il faut créer des structures légères spécifiques, adaptées à la prise en charge réelle de la maladie. Ces structures peuvent êtres montées en une quinzaine de jours, clés en main, avec un générateur d’oxygène autonome. Elles existent en Chine, aux Etats-Unis et en Europe». Le Pr Nibouche a insisté : «Ces structures légères doivent êtres réalisées très rapidement et ainsi on libèrera tous les hôpitaux des grandes villes pour pouvoir prendre en charge les autres maladies graves respiratoires».
Actuellement les établissements de santé publique sont saturés et souffrent du manque de matériels nécessaires à la prise en charge des malades, notamment l’oxygène. Le manque de ce produit vital dans les hôpitaux a causé la mort des patients atteints du Covid, relançant ainsi la polémique quant à la mauvaise gestion de la crise sanitaire par les autorités. Profitant de la crise sanitaire, des spéculateurs entretiennent la pénurie d’oxygène au péril de la vie des malades. Une bonne partie de la production nationale d’oxygène est écoulée au prix fort. «La gestion de l’oxygène est archaïque parce qu’il n’y a pas de sociétés de prestation de service qui sont des professionnels de l’oxygène. Un directeur d’hôpital n’a pas à gérer l’oxygène, il fait appel à un prestataire de service», a-t-il expliqué. C’est pourquoi, il recommande de «passer au générateur d’oxygène pour garantir l’autonomie des hôpitaux».
Selon le spécialiste, «la politique de gestion de la crise sanitaire n’implique pas uniquement le ministère de la Santé qui fait tout ce qui est dans ses possibilités pour gérer la crise, mais elle implique beaucoup d’autres structures de l’Etat». Concernant la gestion de la crise sanitaire, le Pr Djamel Eddine Nibouche a appelé à la mise en place d’une nouvelle stratégie de gestion, maintenant que la pandémie s’est installée et elle ne va pas disparaître, dira-t-il. Pour y faire face, il a suggéré de former les médecins généralistes à la prise en charge du Covid-19. «Il doit y avoir une formation spécifique, avec un certificat, pour les médecins généralistes qui doivent être au premier plan dans ces structures dédiées». Pour désengorger les hôpitaux, le chef de service a appelé également à impliquer le secteur privé : «L’apport des médecins privés est fondamental. Il faut y penser et l’organiser».
L. A. R.

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