Kevin Mayer a été sacré champion du monde du décathlon pour la deuxième fois, cinq ans plus tard, et a apporté à l’équipe de France sa première médaille au dernier jour de compétition à Eugene (Oregon) dimanche.
Par Racim S.
Mayer (30 ans), également double médaillé d’argent olympique (2016 et 2021), a totalisé 8816 points au bout des dix épreuves pour s’imposer devant le Canadien Pierce Lepage (8701) et l’Américain Zachery Ziemek (8676).
Le champion olympique en titre, le Canadien Damian Warner, avait abandonné en plein 400 m en fin de première journée, touché à la cuisse gauche.
A trente ans – il les a fêtés en février – Mayer entre dans le club ultra select des athlètes français doubles champions du monde en individuel, aux côtés de la légende Marie-Josée Pérec, sacrée sur 400 m en 1991 et en 1995, et de Eunice Barber, elle couronnée sur l’heptathlon en 1999 et au saut en longueur en 2003.
A mi-parcours la veille au soir, Mayer occupait la sixième position, avec quelque 200 points de retard sur le leader provisoire, le Portoricain Ayden Owens-Delerme. Après un bon 100 m et une performance dans ses standards à la longueur, le recordman du monde (9126 points en 2018) avait raté son lancer du poids à la mi-journée, avec un meilleur jet à 14,98 m, très loin de son record (17,08 m). Sous un chaud soleil dimanche, le Montpelliérain a construit sa remontée au classement sur la perche (5,40 m) et le javelot (au-delà des 70 m) notamment. Même s’il s’est fait une frayeur à la perche, quand il s’est retrouvé dos au mur dès 5 m, finalement franchis à son troisième et dernier essai.
Comme un symbole, il avait connu un scénario similaire en chemin vers son premier titre mondial à Londres en 2017, cette fois à 5,10 m.
Mayer, tracassé par son talon d’Achille droit pendant de longues semaines en début d’année et qui avait par conséquent renoncé aux Mondiaux en salle début mars à Belgrade, disputait son premier décathlon depuis les Jeux olympiques de Tokyo traversés dos bloqué l’été dernier.
Titre et record du monde (6,21 m) pour le Suédois Duplantis
Le Suédois Armand Duplantis a conclu les Championnats du monde d’athlétisme en apothéose en battant le record du monde du saut à la perche avec un saut à 6,21 m, en plus du titre gagné dimanche à Eugene (Oregon). Déjà certain d’être en or, le champion olympique a amélioré son propre record (6,20 en mars à Belgrade) au 2e essai. L’Américain Christopher Nilsen a pris l’argent, comme aux Jeux de Tokyo l’été dernier, et le Philippin Ernest John Obiena le bronze, tous les deux avec des sauts à 5,94 m.
A 22 ans, «Mondo» Duplantis vient de décrocher le dernier titre qui manquait à son palmarès, alors qu’il est déjà champion d’Europe (2018), champion olympique (2021) et champion du monde en salle (2022). Il a battu dimanche pour la cinquième fois le record du monde du saut à la perche, la troisième en 2022.
Représentant la Suède, pays de sa mère, Duplantis est né et a grandi aux Etats-Unis à Lafayette (Louisiane). «Pas mal, a-t-il plaisanté au micro du stade. Vous (le public) m’avez donné une bonne énergie pour m’aider à passer la barre, c’était magnifique, j’adore Eugene», a-t-il dit.
Les Etats-Unis dominent les relais 4×400 m
Les Etats-Unis ont remporté les relais 4×400 m femmes et hommes des Championnats du monde de Eugene (Oregon) dimanche, offrant notamment une 20e médaille mondiale à Allyson Felix, alignée en séries le samedi, un record. Talitha Diggs, Abby Steiner, Britton Wilson et Sydney McLaughlin se sont imposées en 3 min 17 sec 79, près de trois secondes devant la Jamaïque (3:20.74) et la Grande-Bretagne (3:22.64)).
Chez les hommes, Elija Godwin, Bryce Deadmon, Champion Allison et Michael Norman, sacré sur 400 m, ont dominé en 2 min 56 sec 17 la Jamaïque (2:58.58) et la Belgique (2:58.72).
Comme un symbole, c’est un relais féminin de 21 ans de moyenne d’âge qui a permis à la légende de la piste Allyson Felix de gagner une 20e médaille aux Mondiaux, un record absolu.
La vétérane (36 ans) pensait avoir disputé sa dernière course internationale la semaine dernière en début de compétition sur le 4×400 m mixte, où elle avait contribué au bronze des Etats-Unis, mais elle a été rappelée par les entraîneurs au dernier moment pour participer aux séries du 4×400 m femmes samedi. Dernière relayeuse, McLaughlin aura marqué ces Mondiaux de son empreinte, deux jours après avoir réussi un incroyable record du monde (50 sec 68) en finale du 400 m haies.
Les deux relais ont achevé de couronner les Etats-Unis comme les rois de leurs Mondiaux : dans le Hayward field de Eugene, bourgade de l’Oregon surnommée «Tracktown», Team USA a remporté 33 médailles dont 13 titres. Ils ont ainsi égalé leur propre record de médailles d’or (13 en 1993 à Stuttgart), et ont établi le meilleur total de médailles de l’histoire de la compétition en une seule édition.
L’Allemande Malaika Mihambo conserve l’or au saut en longueur
L’Allemande Malaika Mihambo, championne olympique en titre, a conservé l’or mondial au saut en longueur avec un bond à 7,12 m à Eugene (Oregon) dimanche. Mihambo (28 ans), sacrée une première fois championne du monde en 2019 et également championne d’Europe en titre (2018), s’est imposée devant la Nigériane Ese Brume (7,02 m) et la Brésilienne Leticia Oro Melo (6,89 m). Elle offre à l’Allemagne un premier titre dans ces Mondiaux-2022, une deuxième médaille au total, à trois semaines des Championnats d’Europe à Munich.
La Nigériane Tobi Amusan remporte le titre du 100 m haies
La Nigériane Tobi Amusan a remporté le titre de championne du monde du 100 m haies, moins de deux heures après avoir battu le record du monde de la discipline (12 sec 12) dimanche à Eugene (Oregon). Amusan a remporté la finale en 12 sec 06, mais avec un vent dans le dos trop important pour que le chrono constitue un nouveau record (2,5 m/s), devant la Jamaïcaine Britany Anderson (12.23) et la championne olympique porto-ricaine Jasmine Camacho-Quinn (12.23), ces deux dernières étant départagées au millième de seconde.
A 25 ans, la Nigériane s’impose comme la patronne de la discipline, après avoir pris la 4e place des Jeux olympiques de Tokyo l’été dernier et la 4e place des derniers Mondiaux en 2019 à Doha. En pleine forme, l’ancienne étudiante de l’Université d’El Paso au Texas, avait déjà établi un nouveau record personnel samedi en séries en 12 sec 40. En finale, elle a frôlé l’exploit de battre une deuxième fois le record du monde en moins de deux heures, grâce à une deuxième partie de course époustouflante.Mais le vent a soufflé trop fort, alors que la limite pour l’homologation des performances en sprint court, au saut en longueur et au triple saut se situe à 2 m/s.
L’Américaine Athing Mu sacrée sur 800 m un an après l’or olympique
L’Américaine Athing Mu, championne olympique en titre, a été sacrée championne du monde du 800 m, à vingt ans, en devançant de justesse la Britannique Keely Hodgkinson à Eugene (Oregon) dimanche.
Mu, qui dispute ses premiers Mondiaux, a devancé Hodgkinson de huit centièmes, s’imposant en 1 min 56 sec 30. La Kényane Mary Moraa a pris la troisième place en 1 min 56 sec 71. Elle est la première athlète américaine à remporter l’or mondial du 800 m.
La jeune demi-fondeuse ne s’est plus inclinée sur le double tour de piste en plein air depuis 2019.
Au dernier jour de compétition, Mu embellit encore la fructueuse moisson des Etats-Unis à domicile, pour les premiers Mondiaux d’athlétisme sur le sol américain de l’histoire, en leur offrant une onzième médaille d’or, une 29e au total.
En plus de son titre olympique individuel sur 800 m, Mu est également championne olympique en titre du 4×400 m féminin avec le relais américain.
R. S.