Jeudi dernier, Gerald Darmanin, ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, et Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, ont débattu, lors d’une émission de télévision sur France 2, pour évoquer la loi sur le «séparatisme». Pourtant, loin du match attendu, le dialogue a été assez cordial, offran mêmet un épilogue assez surprenant, avec le ministre assurant à la dirigeante du RN qu’il la trouvait finalement «un peu molle» sur la question de l’islam en France. Une formule qui a vivement fait réagir, notamment du côté de la gauche où l’on accuse désormais Darmanin de «banaliser» Marine Le Pen. En effet, dans l’opposition, nombreux ont accusé le ministre de l’Intérieur d’être sur la même ligne, si ce n’est d’être plus radical que la candidate RN à la présidentielle. Dans la foulée, plusieurs ministres se sont relayés dans les médias pour réaffirmer les différences entre le projet d’Emmanuel Macron et celui de Marine Le Pen. Invité de RTL hier, Gérald Darmanin est revenu sur ce débat pour la première fois. Le locataire de la place Beauvau ne regrette rien. «Je souhaite que les électeurs du Front national votent pour nous. Je souhaite qu’ils comprennent que nous pouvons répondre à leur colère. Je souhaite montrer que Marine Le Pen, en fait, vit des problèmes. Elle ne veut pas les résoudre», a-t-il affirmé, assurant que «quand il n’y a plus de problèmes, il n’y a plus de Front national». Le ministre de l’Intérieur n’a d’ailleurs pas eu l’impression d’avoir «dédiabolisé» Marine Le Pen. «Je ne la banalise pas, je montre qu’elle n’est pas bonne, qu’elle ne connaît pas les chiffres, qu’elle ne connaît pas les dossiers», a-t-il voulu souligner. Selon lui, il faut dépasser «l’argument moral». «Dire que Mme Le Pen n’est pas gentille, que c’est une ennemie de la République ne suffit pas», a-t-il jugé. En revanche, Gérald Darmanin estime qu’«il faut prendre les électeurs au sérieux face à la montée du RN, mais aussi de Jean-Luc Mélenchon», dans la perspective de 2022. «Il faut leur montrer que ces dirigeants sont des populistes. Il faut les entendre pour qu’ils puissent voter pour nous, car c’est nous, les gouvernements républicains, qui pourront répondre fermement, dans un État de droit, à leurs questions», a affirmé le ministre de l’Intérieur. Reste que la sortie maladroite, pour le moins, de Darmanin sur la mollesse de Marine Le Pen conforte ceux qui estiment que le gouvernement français actuel flirte avec la droite radicale dans l’espoir de séduire peut-être des électeurs en vue de 2022. Surtout que le ministre de l’Intérieur est souvent critiqué pour ses prises de positions tranchées sur des thématiques qui, habituellement, surtout au sein de la majorité présidentielle, provoquent des hésitations et des divisions.