Xavier Bertrand, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et candidat officiel à la prochaine élection présidentielle, avait annoncé qu’en cas de défaite à sa réélection en tant que président de la région Hauts-de-France lors des élections régionales et départementales, il se désisterait pour le scrutin présidentiel de 2022. Mais les résultats du premier tour qui s’est déroulé dimanche ont démontré qu’il avait les électeurs derrière lui après avoir récolté plus de 40 % des suffrages, laissant loin derrière lui ses adversaires du Rassemblement National et de La République En marche. Avec 9,1 % des voix, la liste du parti présidentiel, mené par le secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail, Laurent Pietraszewski, ne parviendrait même pas à se qualifier pour le second tour. La candidature LREM se retrouve ainsi devancée par la liste d’union de la gauche (EELV/PS/PCF/LFI) emmenée par Karima Delli (18,4 %), ainsi que par le candidat du Rassemblement national, Sébastien Chenu (24 %). Le président ex-LR sortant, Xavier Bertrand, arrive de son côté largement en tête (42,5 %). La région connaît aussi un fort taux d’abstention qui s’élève à 68,1 %. Dans ces conditions, Laurent Pietraszewski a indiqué qu’il voterait pour Xavier Bertrand lors du second tour prévu le 27 juin. Les Marcheurs, qui se voyaient déjà faiseurs de rois, ne pèseront donc pas autant qu’ils l’espéraient dans la suite du scrutin, prévue dimanche prochain. Cela complique considérablement leur entreprise de déstabilisation de Xavier Bertrand, candidat déclaré à la présidentielle de 2022 et adversaire potentiel d’Emmanuel Macron. Bon nombre de ministres ont pourtant été envoyés dans cette région, à l’instar de Gérald Darmanin (Intérieur), Alain Griset (Petites et Moyennes entreprises) et Agnès Pannier-Runacher (Industrie). Surtout, le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, tête de liste dans le Pas-de-Calais, avait signé une arrivée en campagne remarquée en affirmant vouloir «chasser le Front national» de ces terres. La suite du scrutin s’annonce désormais serrée. Il s’agit de savoir sous quelle configuration se déroulera le second tour : une triangulaire, opposant Xavier Bertrand (ex-LR), Sébastien Chenu (RN) et Karima Delli (EELV/PS/PCF/LFI) ? Ou un duel entre le président ex-LR sortant et le candidat du Rassemblement National, en cas de désistement de la gauche, comme cela fut le cas en 2015 ? De son côté, Laurent Pietraszewski a indiqué appeler «tous ceux qui (l)’ont soutenu au premier tour à voter pour le président sortant». «Les Hauts-de-France ont besoin de tout, sauf de l’extrême incompétence, de l’extrême indécence, de l’extrême droite», a-t-il déclaré. Or, à moins d’un an de la présidentielle, il est assez cocasse de voir le parti présidentiel soutenir aussi fermement le candidat de droite qui pourrait, non seulement être opposé à Emmanuel Macron en 2022, mais surtout l’emporter face au président actuel grâce à un électorat extrêmement mobilisé qui s’est déplacé non seulement dans sa région mais aussi partout en France.
F. M.