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vendredi 19 avril 2024

Migration

La gestion de la crise migratoire aux États-Unis, très critiquée durant le mandat de Donald Trump, continue à faire l’objet de controverses auprès d’ONG et de l’ONU qui attaquent le nouveau plan de Joe Biden, alors que les Etats-Unis sont confrontés à «la plus grave crise migratoire de l’Histoire», selon l’expression du président américain. Les mesures américaines iraient à l’encontre de l’interdiction des expulsions collectives et du principe de non-refoulement, des droits humains fondamentaux, a mis en garde le nouveau Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, mercredi dernier. Le lendemain, quelques jours avant un sommet avec les dirigeants du Canada et du Mexique, la Maison-Blanche a annoncé à Mexico de «nouvelles conséquences» pour les migrants qui franchiront illégalement la frontière : les Etats-Unis auront plus souvent recours à des expulsions immédiates, assorties d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans. Une pratique jugée illégale et traumatisante par de nombreuses ONG, mais sans laquelle de nombreux états craignent une éruption de la crise aux frontières avec le Mexique. Un point de vue qui n’est pas partagé par l’ONU. «Le droit de demander l’asile est un droit humain, indépendamment de l’origine des personnes, de leur statut migratoire ou de la manière dont ils sont arrivés à la frontière», a rappelé Volker Türk dans sa déclaration. «Le programme annoncé met l’administration Biden dans la droite ligne des politiques hostiles aux migrants de Trump», a également dénoncé l’ACLU, une puissante association de défense des droits civiques. Face aux critiques constantes de son opposition, mais aussi des associations de défenseurs des migrants, le président américain Joe Biden était jusqu’ici resté plutôt discret. Son administration s’est contentée de renvoyer les migrants vers le Mexique en s’appuyant sur une mesure mise en place par son prédécesseur républicain Donald Trump pendant la pandémie. Cette mesure, baptisée «Title 42», fait l’objet d’une intense guérilla judiciaire dont l’épilogue sera connu en juin à la Cour suprême des Etats-Unis. Cette mesure, prise en mars 2020 durant le Covid-19, autorise l’expulsion manu militari de tous les migrants dépourvus de titre de séjour interpellés aux frontières. Viré du territoire, sans délai, sans légal, et sans forcément que la personne ne bénéficie d’un retour dans son pays d’origine. «Le Title 42 a déjà été utilisé par les autorités américaines responsables de l’immigration quelque 2,5 millions de fois à la frontière Sud afin d’expulser des gens vers le Mexique ou vers leur pays d’origine sans que leurs besoins en matière de protection aient été étudiés sur une base individuelle et sans qu’une procédure ait été suivie en bonne et due forme», a fait valoir le Haut-commissariat de l’ONU aux droits humains. Ce n’est pas la première fois que l’administration Biden utilise des mesures prises par l’administration Trump. Des mesures qui avaient suscité l’indignation dans le camp démocrate à l’époque, mais qui ont depuis été dans l’ensemble reconduites par Joe Biden et son équipe. Reste à voir si la Maison-Blanche cédera sous le poids des critiques ou si le pragmatisme l’emportera cette fois-ci sur l’angélisme des activistes immigrationnistes.

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