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vendredi 19 avril 2024

Migrants tués par la police marocaine: «Le Maroc essaie d’effacer les preuves de la tragédie»

Le président (maire) de Melilla, Eduardo de Castro, a indiqué que le Maroc essayait d’effacer les preuves de la tragédie ayant conduit à la mort d’au moins 23 migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis la ville de Nador.

Par Fatah B.

«Le Maroc essaie déjà de cacher ce qui s’est passé. Il essaie d’effacer les preuves, car de cette façon, aucune accusation ne pourra être retenue», a affirmé Eduardo de Castro lors d’un entretien accordé au site espagnol «La Voz De Galicia», pointant du doigt «l’absence d’autopsies et les enterrements précipités».
Le 24 juin au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d’entrer dans l’enclave espagnole. De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants.
Le parquet général espagnol a annoncé, mardi, l’ouverture d’une enquête «pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé». Questionné sur l’utilité de cette enquête, Eduardo de Castro a reconnu qu’«il est difficile qu’elle aboutisse», relevant qu’il «doute fort que le Maroc coopérera», car «le Maroc n’est pas une démocratie, le Maroc est une autocratie».
Evoquant les déclarations du Premier ministre espagnol selon lesquelles l’incident de Melilla aurait été «bien traité» par la gendarmerie marocaine, il a indiqué que «Sanchez est esclave de ses mots». «Je pense qu’il a fait l’éloge des agents marocains parce qu’ils n’avaient jamais coopéré de cette façon», a-t-il souligné, tout en disant avoir ressenti «beaucoup d’anxiété» en visionnant les images de la tragédie de Melilla qu’il a qualifiée de «véritable drame humain».

Manifestations au Maroc et en Espagne pour une plus grande réaction internationale
Des villes marocaines et espagnoles ont connu, vendredi, plusieurs manifestations appelant à une plus grande réaction internationale pour enquêter sur les circonstances ayant conduit à la mort d’au moins 23 migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc.
Ainsi, plusieurs manifestants ont investi la rue à Rabat et dans différentes villes espagnoles pour condamner le crime odieux commis par la police du Makhzen contre des migrants et des demandeurs d’asile d’origine africaine qui ont tenté de franchir la clôture grillagée de l’enclave espagnole de Melilla.
Des militants dans des associations de migrants africains au Maroc ont de nouveau réclamé une enquête pour déterminer les responsabilités dans le drame ayant coûté la vie à ces 23 migrants, insistant lors de la manifestation à Rabat sur la «liberté de circulation».
Lors de la manifestation tenue devant le siège du Parlement à Rabat, des militants des droits de l’Homme ont brandi des pancartes appelant à «l’identification des victimes» et à informer leurs familles.
La Coalition des communautés subsahariennes au Maroc a souligné «la nécessité d’une enquête indépendante pour que les responsabilités soient déterminées», a indiqué leresponsable de cette coalition, Mohamadou Diallo, tout en appelant à manifester avec le soutien des organisations marocaines de défense des droits de l’Homme.
«L’Europe nous a colonisés et nous a pris ce qu’il fallait pour se développer, si nous voulons y accéder aujourd’hui c’est notre droit», a-t-il dit, appelant les diplomates des pays concernés à «apporter l’aide nécessaire» en vue du procès de 65 migrants arrêtés dans la ville de Nador au Maroc, après avoir tenté de gagner Melilla.
En Espagne, des milliers de personnes se sont rassemblés à l’appel de plusieurs collectifs, dans les villes de Barcelone (nord-ouest), Malaga (sud), Vigo, San Sebastian et La Corogne (nord-est) ainsi que dans la ville de Melilla, où s’est produit le drame, pour dénoncer les «politiques migratoires matérialisées dans la brutalité policière et la militarisation des frontières». A Madrid, des centaines de personnes ont scandé plusieurs slogans, comme «Aucun être humain n’est illégal !», «Les anti-racistes sont là» ou encore «Union européenne, responsable criminelle», et brandi des pancartes «Les frontières tuent». Pour rappel, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, avait indiqué que le Maroc et l’Espagne ont eu recours à «un usage excessif de la force» contre des migrants subsahariens qui voulaient entrer à Melilla. «Nous déplorons vivement cet incident tragique et les pertes en vies humaines, et je pense qu’il ne s’agit que d’un autre rappel de la raison pour laquelle nous avons besoin de routes migratoires mondiales bien gérées impliquant les pays d’origine, de destination et de transit», avait affirmé M. Dujarric lors d’un point de presse.
F. B.

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