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jeudi 30 novembre 2023

Méditerranée: La Turquie «menace directe à la paix», selon la Grèce

La Turquie a renvoyé hier un navire d’exploration en Méditerranée orientale pour rechercher du gaz naturel, au risque de raviver une crise avec la Grèce.

Par Fouzia M.
Le navire de recherche sismique Oruç Reis a quitté son port turc dans la matinée, selon des images publiées par les médias, et mènera des activités d’exploration jusqu’au 22 octobre, a indiqué la marine turque dans une notice d’information maritime (Navtex). «Nous allons continuer de chercher (du gaz), de creuser et de défendre nos droits», a déclaré hier sur Twitter le ministre turc de l’Energie, Fatih Dönmez. L’Oruç Reis, qui est accompagné de deux navires de soutien logistique, doit notamment être déployé au sud de l’île grecque de Kastellorizo, proche des côtes turques et au cœur de vives tensions entre Ankara et Athènes l’été dernier. Athènes et Ankara ont en effet connu un mois de forte tension après le déploiement par la Turquie, du 10 août à la mi-septembre, de ce bateau sismique, escorté de navires de guerre, pour procéder à des explorations au large de Kastellorizo, dans une zone potentiellement riche en gaz naturel. La Grèce revendique sa souveraineté sur les eaux entourant Kastellorizo, mais la Turquie conteste cette domination, soutenant qu’elle devrait avoir des droits plus étendus en Méditerranée orientale en raison de son littoral plus long. En écho aux échanges tendus quasi quotidiens le mois dernier, le ministère grec des Affaires étrangères a condamné hier la décision turque de déployer à nouveau l’Oruç Reis, la qualifiant de «menace directe à la paix et à la sécurité dans la région». La Turquie n’est «pas fiable» et «ne désire pas sincèrement le dialogue», a accusé le ministère grec dans un communiqué. Le nouveau déploiement de l’Oruç Reis sape les espoirs de désescalade qui étaient nés ces dernières semaines. Les tensions avaient débuté après le déploiement de ce même navire le 10 août. Ankara avait prolongé plusieurs fois sa mission, ignorant les appels répétés de l’Union européenne et d’Athènes visant à la faire cesser. L’Oruç Reis avait toutefois regagné les côtes turques le mois dernier, alors qu’il se trouvait dans des eaux revendiquées par la Grèce, dans ce que beaucoup espéraient être un signe d’apaisement d’Ankara pour résoudre cette crise. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors affirmé que ce retrait visait à laisser une chance à la diplomatie. Mais les dirigeants turcs ont aussi déclaré que le navire allait simplement effectuer une maintenance prévue, et qu’il retournerait en Méditerranée orientale pour poursuivre son travail. «Les travaux de maintenance de l’Oruç Reis sont terminés. Notre navire a pris des (équipements) pour radiographier la Méditerranée», a d’ailleurs déclaré hier M. Dönmez. S’il y a du gaz naturel, «nous le trouverons», a-t-il ajouté. L’espoir était toutefois réapparu lorsqu’Ankara et Athènes s’étaient mis d’accord pour mener des négociations le mois dernier, notamment à la suite d’efforts diplomatiques menés par l’Allemagne pour désamorcer cette crise. Les échanges du plus haut niveau depuis le début des tensions ont eu lieu la semaine dernière lorsque les ministres des Affaires étrangères turc et grec se sont rencontrés en marge d’un forum sur la sécurité à Bratislava, en Slovaquie. Lors d’un sommet plus tôt dans le mois, l’UE a menacé Ankara de sanctions si la Turquie ne mettait pas un terme aux activités d’explorations énergétiques dans des eaux revendiquées par Chypre et la Grèce. La Turquie avait décrit la menace comme «non constructive» et sa dernière décision risque d’alimenter les tensions entre Ankara et Bruxelles.
F. M.

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