Emmanuel Macron, comme François Hollande avant lui, veut à toute force prouver qu’il est une voix qui compte sur la scène internationale et tente donc de jouer les médiateurs, jusqu’à aujourd’hui sans succès, entre Washington et Téhéran. Le président français a en effet insisté sur « la nécessité d’accélérer » pour « aboutir à des progrès » dans les négociations sur le nucléaire iranien, lors d’un entretien téléphonique samedi dernier avec son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, a indiqué l’Élysée dimanche. « Sur l’accord nucléaire de 2015, le président de la République a réitéré sa conviction qu’une solution diplomatique est possible et impérative, et marqué que tout accord nécessitera des engagements clairs et suffisants de toutes les parties, auxquels la France travaille avec l’ensemble de ses partenaires », a précisé la présidence française. « Plusieurs mois après la reprise des négociations à Vienne, il a insisté sur la nécessité d’accélérer pour aboutir rapidement à des progrès tangibles dans ce cadre », a-t-elle ajouté dans un communiqué. Au cours d’un «long échange » avec son homologue iranien, Emmanuel Macron a souligné «la nécessité que l’Iran démontre une approche constructive et revienne à la pleine mise en œuvre de ses obligations ». La présidence iranienne a de son côté indiqué, dans un communiqué, que « dans les négociations, la République islamique a prouvé sa volonté et son sérieux pour parvenir à un accord, et tout effort de l’autre partie à cet égard devrait inclure la levée des sanctions, la vérification et une garantie valable ». Vendredi, la France avait estimé que la négociation pouvait « aboutir », alors que les pourparlers entre les Occidentaux et Téhéran à Vienne ont été mis en pause pour que les participants retournent dans leurs capitales respectives pour des consultations et des instructions en vue d’un retour la semaine prochaine. Téhéran a fait état cette semaine de « progrès allant dans la bonne direction », même s’ «il reste des questions importantes en suspens » qui nécessitent des «décisions politiques de Washington ». Les pourparlers ont repris fin novembre dans la capitale autrichienne après cinq mois d’interruption entre l’Iran et les pays encore partis à l’accord conclu en 2015 (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Chine). Ils visent à réintégrer les États-Unis, qui se sont retirés du pacte en 2018 et ont rétabli des sanctions économiques contre Téhéran, ainsi qu’à ramener l’Iran au respect de ses engagements. L’accord de 2015 offrait à l’Iran un allègement des sanctions internationales en échange d’une limitation drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l’ONU, et de garanties prouvant qu’il ne cherche pas à acquérir la bombe atomique, comme il l’a toujours affirmé. Il est très incertain toutefois que Joe Biden qui a publiquement humilié Emmanuel Macron sur le dossier ukrainien prête une oreille attentive aux tentatives de conciliations du président français. Finalement, l’administration Biden, semble avoir simplement décidé que l’initiative prise par Donald Trump de sortir de l’accord sur le nucléaire était la meilleure au vu de leur entêtement à refuser de revenir dans l’accord de Vienne malgré les multiples médiations et sommets organisés depuis une année.
F. M.