Le doyen des clubs algériens a fêté hier, samedi, son centenaire dans un contexte très spécial, avec une autre saison à blanc sans le moindre titre, malgré les grands moyens déployés par l’actionnaire majoritaire qui n’est autre que la plus grosse compagnie pétrolière d’Afrique, Sonatrach.
Par Mahfoud M.
Une saison où les scandales ont été au rendez-vous encore une fois, avec un entraîneur qui a été débarqué, puis réintégré, en plus de la fameuse affaire de boite de nuit où des joueurs ont été filmés en train de prendre du bon temps et de dilapider leur argent, alors qu’ils se plaignaient du retard dans les salaires. Pourtant, cette saison devait être spéciale, puisqu’elle est celle du centenaire et les dirigeants voulaient la fêter comme il se doit en décrochant un titre local, voir continental, étant donné que l’équipe était engagée en Ligue des champions d’Afrique en compagnie du CRB. Heureusement que les inconditionnels du grand Mouloudia ont sauvé l’honneur du «Doyen» en décidant de fêter l’événement d’une tout autre manière que de dépenser des millions sur les fumigènes et autres objets pyrotechniques. Les fans du Mouloudia, et cela les honore grandement, ont décidé de mettre en place une énorme cagnotte pour créer des centrales d’oxygène dans les hôpitaux de la capitale, avec pour slogan : «Makache fumigène, kayane oxygène» (traduire : il n’y a pas de fumigène, il y a de l’oxygène). L’initiative a été lancée et elle devrait être bouclée dans les jours à venir, pour tenter de sauver des vies et aider les hôpitaux dans cette grave crise sanitaire que traverse notre pays. Pour revenir aux résultats techniques du MCA ces dernières années, ils restent très insuffisants par rapport aux moyens dont disposait à chaque fois le club qui est bien pris en charge par rapport à d’autres formations qui ne bénéficient pas des mêmes aides, même si la mauvaise gestion de certains dirigeants a toujours gangréné cette formation qui ne dispose même pas de son propre stade.
L’histoire de ce club est pourtant glorieuse, puisque créé par feu Abderrahmane Aouf dit «Baba Hamoud» pour défendre la cause algérienne du joug colonial à travers le football. Le MCA, également club omnisports, a dû attendre la saison 1935-1936 pour accéder en première division. C’est durant les années 1970 que le Mouloudia est parvenu à dominer le football national puis africain, grâce à une pléiade de joueurs talentueux menés par Omar Betrouni et Zoubir Bachi. Considérée comme l’âge d’or du MCA, la période post-indépendance 1970-1980 a été riche pour le club en matière de titres et de consécrations. Il a fallu attendre un demi-siècle pour assister au premier titre majeur des Mouloudéens : la Coupe d’Algérie en 1971. Sous la houlette du regretté Ali Benfeddah, le MCA remporte sa première Coupe d’Algérie face à l’USM Alger (2-0), spécialiste de l’épreuve, qui était à sa 3e finale de rang. Ce sacre permet au Mouloudia de participer à sa première Coupe du Maghreb des vainqueurs de coupe, organisée à Alger, précisément au stade municipal de Ruisseau (20-Août-1955 actuellement, ndlr). Une année plus tard, le Mouloudia est parvenu à décrocher son premier sacre de champion, enclenchant ensuite une véritable dynamique de titres, puisque les Algérois ont réussi à s’adjuger la Coupe d’Algérie 1973, toujours face à l’USMA (4-2, a.p). L’apogée de la gloire a été atteint en 1976, une année qui a vu les joueurs de l’entraîneur emblématique Abdelhamid Zouba écraser tout sur leur passage. Si le club échoue en finale de la Coupe maghrébine, il se rachète en décrochant un triplé qu’aucune autre équipe algérienne n’a réussi à égaler jusque-là (Championnat – Coupe d’Algérie – Coupe d’Afrique), grâce notamment à des attaquants emblématiques : Betrouni, Bachi, Bousri, Bachta et Benchikh, pour ne citer que ceux-là. Le MCA a décroché ensuite des titres dans les années 1980 et 1990, mais cela reste insuffisant pour un aussi prestigieux club comme le Mouloudia qui se devait même de dominer l’Afrique.
M. M.