Si les Européens et les Américains ne ratent jamais une occasion d’attaquer Vladimir Poutine sur le moindre dépassement ou la moindre faute commise, c’est aujourd’hui au tour du président russe de profiter de la débâcle des Américains en Afghanistan pour attaquer Washington. Le maitre du Kremlin a ainsi violemment critiqué la présence américaine en Afghanistan, qui a pris officiellement fin cette semaine. Pour lui, ces vingt années de guerre ont constitué une «tragédie» pour ce pays. «Durant vingt ans, les soldats américains étaient présents sur ce territoire, vingt ans à tenter de […] civiliser les gens qui y vivent, d’y implanter leurs normes et standards de vie», a commenté Vladimir Poutine lors d’une rencontre avec des jeunes retransmise à la télévision. «Le résultat est une tragédie, des pertes pour ceux qui ont fait ça, les États-Unis, et plus encore pour les gens vivant sur le territoire de l’Afghanistan», a-t-il ajouté, lors d’un déplacement dans l’Extrême-Orient russe. Quant à l’avenir du pays après le retrait des Américains et de leurs alliés, Vladimir Poutine a jugé «impossible d’imposer quoi que ce soit depuis l’étranger». «La situation doit mûrir, et si l’on veut qu’elle mûrisse plus vite et mieux il faudra aider les gens», a dit le président russe. Les autorités russes ont adopté une attitude assez conciliante à l’égard des talibans, reconnaissant leur victoire tout en les appelant à un «dialogue national» pour former un gouvernement représentatif. Moscou considère cependant toujours les talibans comme un groupe «terroriste», même si la Russie dialogue depuis des années avec eux, et n’a l’intention de reconnaître son autorité en Afghanistan que s’ils donnent des gages suffisants. La Russie s’inquiète en particulier pour la sécurité des ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale, limitrophes de l’Afghanistan, et d’y voir émerger de nouveau des groupes djihadistes inspirés des talibans ou soutenus par eux. Moscou veut également éviter un afflux régional de réfugiés ainsi qu’un nouvel essor du trafic d’opium et d’héroïne. Ainsi, les critiques de Poutine à l’endroit de Washington sont des plus légitimes et ses arguments semblent imparables à l’heure où Joe Biden est dans une impasse, incapable de sortir la tête de l’eau, dépassé par la situation, plus catastrophique que la Maison-Blanche ne l’avait prévu. Reste à voir comment le président russe utilisera cette situation à son avantage contre les États-Unis qui, avec un démocrate à leur tête, sont retombés dans l’habituel politique antirusse.