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samedi 20 avril 2024

Maroc: Condamné à un an de prison, l’historien Maati Monjib entame une grève de la faim

L’historien et militant des droits de l’homme marocain, Maati Monjib, condamné en décembre dernier à une année de prison, a annoncé qu’il était en grève de la faim pour protester notamment contre la campagne de diffamation visant sa famille et son arrestation arbitraire.
Dans un communiqué relayé vendredi par des médias marocains, Monjib a précisé qu’il menait cette grève en guise d’appel à l’aide à l’opinion publique en raison de l’injustice et de la persécution dont il est l’objet par le régime marocain.
Le défenseur marocain des droits humains, détenu depuis le 29 décembre dernier, a décidé de mener cette action pour protester contre son arrestation arbitraire, et la tenue, 24 heures après, de son procès dans le plus grand secret sans le convoquer ni informer sa défense, et contre le verdict rendu par contumace, selon les médias marocains.
Tout en clamant son innocence de toutes les accusations portées contre lui, Monjib a affirmé que «ses écrits critiques à l’égard du régime marocain et ses activités de défense des droits de l’homme, y compris son soutien aux détenus du Hirak du Rif et aux journalistes arrêtés pour crimes de droit commun, sont les raisons pour lesquelles il est persécuté».
M. Monjib, un militant des droits humains âgé de 60 ans, a été condamné pour «fraude» et «atteinte à la sécurité de l’Etat» dans une affaire qui remonte à l’année 2015 et au moment où il est en détention préventive depuis le mois de décembre.
Le verdict a été rendu dans le cadre d’un procès qui concerne six autres journalistes et militants des droits humains, dont trois ont également écopé d’un an de prison ferme.
Ouvert en 2015, ce procès traitait de malversations présumées, liées à la gestion d’un centre créé par M. Monjib pour promouvoir notamment le journalisme d’investigation.
L’historien, qui accuse les autorités de son pays de «terroriser les journalistes et les opposants en général», était resté en liberté jusqu’à son interpellation fin 2020 sur des soupçons de «blanchiment d’argent».
Depuis son arrestation, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont appelé Rabat à le «libérer immédiatement et sans conditions», dénonçant une campagne pour restreindre le droit à la liberté d’expression dans le royaume.
Dans son dernier rapport annuel, Human Rights Watch estime qu’en 2019 le «Maroc a intensifié sa répression contre des commentateurs des réseaux sociaux, des artistes et des journalistes exprimant des opinions critiques».

«Il n’existe plus
d’espace pour une presse indépendante»
Le défenseur des droits humains et militant de Transparency Maroc, Fouad Abdelmoumni, a dénoncé la campagne de diffamation menée par le régime marocain à son encontre, affirmant qu’il «n’existe plus d’espace pour une presse indépendante» dans le royaume. Victime l’année dernière d’une campagne de diffamation visant à le faire taire, l’économiste marocain révèle à la radio française RFI les nombreuses menaces qu’il a reçues pour se retirer du débat public sur l’autoritarisme et la corruption ainsi que sur les violations très graves des droits humains au Maroc. «Nous avons une situation où, aujourd’hui, il n’existe plus d’espace pour une presse indépendante, pour des partis politiques autonomes, pour un débat public sain, serein et pouvant aller au fond des choses», regrette le militant marocain.
Selon M. Abdelmoumni, «la répression au Maroc a pris de plus en plus un tournant outrancier», lorsque le régime «est revenu encore une fois à la diffamation dans les médias, notamment après sa prise de position avec l’historien et défenseur des droits de l’Homme Maâti Monjib», poursuivi dans une nouvelle affaire de «blanchiment d’argent» et «atteinte à la sécurité de l’Etat» et condamné à un an de prison ferme. Après avoir mis à nu les pratiques du système, M. Abdelmoumni explique que «(…) ce sont des comportements mafieux, c’est le racket, la menace, le comportement hors la loi, c’est l’intromission dans l’intimité des gens… C’est un comportement qui ne donne absolument pas lieu à reddition de comptes, dans une impunité totale», ajoutant que «n’importe quelle justice indépendante, propre, honnête et efficace, devrait rendre compte de la responsabilité première de l’Etat marocain, dans cette situation». Dans ce contexte, Abdelmoumni a affirmé qu’au-delà des mille articles de diffamation répertoriés contre Maâti Monjib, une quinzaine d’autres cas ont été officiellement répertoriés, à l’évidence dit-il, «il s’agit de personnes qui sont dérangeantes pour l’autoritarisme monarchique». «Nous sommes de plus en plus dans une situation de dictature autoritaire et violente», a-t-il confié. «Qu’il soit au Maroc ou à l’international, nous sommes unanimes à dénoncer un resserrement absolument drastique des comportements répressifs, illégitimes, de l’Etat marocain», a conclu Fouad Abdelmoumni.
Hatem N.

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