Les importations de poisson ont enregistré une importante hausse en Algérie, une tendance qui risque de perdurer malgré les ressources dont dispose le pays. Dans un bilan rendu public par l’Office national des statistiques (ONS), il ressort que le secteur de la Pêche a enregistré une hausse d’importations en produits halieutiques, estimée à 13,6 %, durant l’année 2019. Les quantités importées sont estimées à 35 064 tonnes contre 30 862,5 tonnes en 2018. La hausse en question est due à une augmentation de 37,9 % des importations de filets de poissons et 44,5 % de poissons frais. Deux indicateurs renseignant, faut-il le dire, sur la faiblesse de la production nationale et l’incapacité du secteur de la Pêche, dans son état actuel, à satisfaire la demande exprimée par le consommateur. D’où d’ailleurs les prix inabordables affichés ces derniers temps, notamment pour la sardine, qui n’est plus à la portée des petites et moyennes bourses. Le même rapport relève, par ailleurs, une légère diminution de 3,7 % des importations de poissons congelés, qui représentent 31 % du total des importations. Le recours de l’Algérie à l’importation a coûté au Trésor public 117,8 millions USD en 2019 contre 99,5 millions USD l’année précédente, avec une hausse évaluée à 18,4 %. Le rapport de l’ONS relève que près de 61 % du montant des importations concernent les filets de poisson, soit 71,9 millions USD. A l’origine de cette situation, la baisse enregistrée de la production nationale. Durant l’année 2019, la pêche de capture a reculé de 13 % par rapport à 2018. Une production de 104 881 tonnes dont 72,4 % de poissons pélagiques a été réalisée, contre 120 354 tonnes en 2018. Une baisse de 15 473 tonnes a été ainsi enregistrée en 2019. Ce recul, est-il indiqué, peut s’expliquer par le fait que 44,4 %, soit presque la moitié, de la flotte sont des navires inactifs. Le rapport précise aussi que les quantités de poissons pélagiques pêchés en 2019 ont enregistré une baisse évaluée à 17,8 %, les mollusques, crustacés, raies et squales, ont vu leur production régresser respectivement de 44 %, 2,3 % et 44,5 %. En revanche, les espèces démersales ont affiché une augmentation de 31,6 % pour se situer à 7 742 tonnes contre 5 884 en 2018. En attendant une véritable relance de cette filière, l’Algérie est réduite à l’importation, alors que par ses ressources et son savoir-faire elle pourrait être un pays exportateur par excellence. Pis encore, malgré ses 1600 km de côtes, l’Algérien lambda ne peut plus se permettre de consommer du poisson dont le prix ne cesse d’augmenter. Ces derniers temps, le kilo de la sardine est affiché à pas moins de 1 000 DA. Outre la vétusté de la flotte, de nombreux professionnels ont pointé du doigt la désorganisation que connaît cette filière, qui ne profite qu’à une poignée de spéculateurs.
Aomar Fekrache