Jean-Luc Mélenchon, qui fêtera ses 72 ans cette année, est malgré son grand âge, en France, l’une des figures politiques les plus appréciées par les jeunes militants de gauche et d’extrême-gauche. C’est d’ailleurs autour de sa personnalité que se sont réunis en juin dernier, bon gré mal gré, les petits partis de gauche pour espérer gagner tous ensemble contre le parti présidentiel, Renaissance. Par ailleurs, plusieurs personnalités, aux sorties souvent problématiques, de la gauche la plus radicale ont été séduites par Mélenchon, qui lui-même s’est fortement radicalisé ces dernières années. Mais aujourd’hui, le chef de file de La France Insoumise s’est mis à dos plusieurs de ces soutiens, après avoir lancé un appel de ralliement aux forces de l’ordre, qu’il n’a pourtant eu de cesse d’attaquer brutalement lors de ses campagnes présidentielles et législatives. Dans une vidéo Youtube, Mélenchon a en effet appelé les policiers et gendarmes à rejoindre le mouvement social du 1er Mai, afin de protester contre la réforme des retraites qui a été promulguée mi-avril. Dans une allocution de 4 minutes, le dirigeant LFI, dont les relations avec les syndicats de police sont houleuses, dénonce le «jeu un peu facile du pouvoir de faire croire que ceux qui sont en lutte pour les droits sociaux seraient des ennemis de la police. Ça n’a pas de sens». «Votre intérêt c’est d’entrer dans la lutte, d’être présent le 1er Mai, de faire grève et de refuser d’accomplir les brutalités absurdes et cruelles que parfois on vous demande de faire, contre la déontologie de votre métier», affirme Mélenchon en s’adressant directement aux policiers. Il les appelle à «tourner la page de controverses qui n’ont pas de sens entre la principale force d’opposition de gauche qu’est le mouvement des Insoumis et leurs propres intérêts». La réforme des retraites «c’est aussi pour les policiers», et par conséquent «la lutte contre la retraite à 64 ans, ça les concerne aussi», poursuit-il, regrettant qu’ils soient «employés à persécuter de toutes les manières possibles des gens qui ne font que manifester et défendre des droit sociaux que nous avons en commun». «Si vous croyez que le pouvoir qui vous caresse la tête vous protègera, vous vous trompez», affirme encore la figure de proue de la Nupes (Nouvelle Union Populaire Et Sociale), rappelant «comment ils ont méprisé les gendarmes, en disant que c’est parce qu’ils n’avaient rien compris qu’ils avaient confisqué les casseroles à des manifestants». Quant aux policiers, «vous êtes appelés à ne pas avoir de vacances en région parisienne pour assurer la protection des lieux des Jeux olympiques de 2024». «Vous n’aurez ni juillet, ni août. Vous laisserez-vous faire ? Non bien sûr, je suis sûr que non», poursuit-il. Espérant «être entendu», Jean-Luc Mélenchon appelle «tout le monde dans la rue le 1er mai». «Tout le monde à ses casseroles, tout le monde dans l’action», dit-il, souhaitant «un raz-de-marée». Mais l’appel de l’ex-ministre socialiste, s’il n’a pas fait réagir les syndicats de police, a provoqué l’ire de plusieurs soutiens issus de la gauche la plus radicale. Ils l’accusent ainsi de trahison et rien de moins que «de tendre la main au fascisme». Mélenchon, après avoir perdu les féministes de par son soutien inconditionnel à Adrien Quatennens, condamné pour violence conjugal, va-t-il aujourd’hui perdre le soutien des ultraradicaux qui voient en la police un ennemi naturel avec lequel toute alliance est impossible. Pourtant, ses partisans qui le critiquent aujourd’hui pour ses prises de positions unilatérales oublient que c’est là le principe même du fonctionnement du parti à la hiérarchie très verticale qui a toujours prévalu à LFI. Reste à voir si l’ultra-gauche pardonnera à Mélenchon son appel à leurs «ennemis» ou si comme les féministes, cela marquera le divorce avec les Insoumis.