Bien que l’Etat ait mis des moyens énormes pour la réussite de la campagne de vaccination contre la pandémie de coronavirus dans le but de permettre un retour à une vie normale, certaines pratiques au niveau des centres de vaccination, telles que la désorganisation et le passe-droit, découragent les citoyens qui doivent s’armer de patience.
Par Thinhinene Khouchi
Depuis le lancement de la campagne de vaccination, l’Etat a réceptionné des millions de doses de vaccins (chinois, russe ainsi que le britannique AstraZeneca ) contre le Covid-19. Afin de faciliter l’accès au vaccin, les citoyens n’ont plus à prendre de rendez-vous, ils sont souvent vaccinés à leur arrivée. Cette campagne a été également élargie aux espaces publics, les mosquées, les établissements culturels, les bibliothèques, pour juguler la chaîne de contamination. Des chapiteaux ont été dédiés à cette action, mais certains, comme celui de Bab El Oued, ont été démontés, on ne sait pourquoi. L’Etat a en outre mobilisé un grand nombre de personnel médical, mais malgré ces moyens consacrés à la réussite de cette campagne, certaines pratiques créent le mécontentement des citoyens. Afin de constater de visu cette situation d’anarchie, un tour dans certains centres est un passage obligé. A 6h du matin déjà, devant chaque centre de vaccination, une dizaine de personnes attendent et inscrivent leurs noms sur une liste, initiative d’auto-organisation citoyenne devenue courante pour toutes les files d’attente, afin que chacun respecte son tour. Deux heures après, le personnel médical arrive et la fameuse liste est remise à l’infirmière chargée de faire respecter l’ordre de vaccination. Dès l’installation des médecins dans leur salle, chapiteau ou tente, l’opération de vaccination commence et tout semble bien se dérouler jusqu’au moment où certains usent de leurs connaissances pour passer sans aucun respect envers les personnes qui attendent depuis des heures. «Ce passe-droit brise complètement le bon déroulement de l’opération de vaccination. Au lieu d’attendre une heure, on se retrouve à attendre des heures juste parce qu’il y a un cousin de ‘’flène’’, un ami, une tante, qui passent sans respecter la file d’attente», nous dira Lounis, un retraité venu à Bab El Oued prendre sa deuxième dose. Et d’ajouter : «J’étais le 32e patient sur la liste qu’on a établie ce matin à 7h. Après plusieurs heures et des patients qui étaient passés, on me dit que je dois encore attendre une trentaine de personnes pour que ce soit mon tour. C’est décourageant et injuste de la part du personnel médical et des personnes qui ne prennent même pas la peine de demander notre permission quand leur cas est vraiment grave». En outre, à Alger, place du 1er-Mai, le vaccin britannique AstraZeneca n’est plus administré et ceux qui avaient pris la première dose là-bas sont priés de revenir dès qu’il sera disponible. Selon un citoyen, la cinquantaine bien entamée, «ils disent qu’ils n’ont pas de deuxième dose du vaccin britannique et ne dispose que du vaccin chinois ! Comment vais-je faire pour recevoir ma deuxième dose ?». Dans ce cas, pour obtenir une injection d’AstraZeneca, les citoyens doivent se rendre dans un autre dispensaire ou même un centre ou établissement aménagé pour leur réception. Un détour forcé qui complique le bon déroulement de la campagne de vaccination contre le Covid-19 en Algérie. Pour Smail, «le manque de personnel est flagrant. Ils auraient dû recruter des étudiants, actuellement en vacances, pour contribuer à l’organisation et atténuer la surcharge de travail du personnel médical ainsi que l’anarchie qui va avec. Les gens s’organisent eux-mêmes». Et d’ajouter : «J’étais là dès 7h du matin pour ma deuxième dose de vaccin au niveau de cette bibliothèque aménagée en centre de ‘’deuxième dose’’. La distanciation est respectée ainsi que le port du masque, mais l’organisation n’est pas au niveau des assurances et de l’effort de l’Etat». A propos de l’acquisition des doses de vaccins, les services du Premier ministère ont indiqué qu’un total de 9 273 200 doses a été acquis à fin juillet 2021, alors que les prévisions pour le mois d’août sont arrêtées à 8 200 000 doses du vaccin Sinovac pour le 30 juillet 2021, 758 000 doses d’AstraZeneca (dans le cadre Covax) et
650 000 doses de Sputnik V. Pour ce qui est du mois de septembre 2021, la même source affirme qu’il est prévu l’acquisition de 5 000 000 doses du vaccin Sinovac, en attendant le lancement de la production nationale de ce vaccin chinois, prévue au mois de septembre prochain, avec une quantité mensuelle de 2 500 000 doses.
T. K.