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vendredi 29 mars 2024

Lutte contre la drogue durant les dix dernières années: Plus de mille tonnes de résine de cannabis saisies

«Plus de 1 000 tonnes de résine de cannabis, en provenance du Maroc, ont été saisies par les différents corps de sécurité durant les dix dernières années, et 88 tonnes de cette même drogue en 2020», ont indiqué, hier, plusieurs responsables qui luttent contre le trafic illicite de stupéfiants.

Par Thinhinene Khouchi

Le phénomène de la consommation de drogue et sa propagation en Algérie ainsi que le trafic illicite de stupéfiants a été traité, hier, par plusieurs responsables. En effet, s’exprimant sur les ondes de la Radio algérienne Chaîne 3, le colonel Yacine Boumrah, du département de toxicologie de l’Institut national de la criminologie et de la criminalistique (Incc), a indiqué que «durant les dix dernières années, plus de 1 000 tonnes de résine cannabis, en provenance du Maroc, ont été saisies par les différents corps de sécurité», qualifiant ce chiffre d’«astronomique». M. Boumrah a précisé que la culture du cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformation, et ce, par une introduction massive de variétés hybrides. Ce qui a permis justement d’augmenter la production et surtout la puissance du haschich. «Le danger réside à ce niveau-là, a-t-il précisé, puisque le risque sanitaire de ce type de drogue, qui présente un taux élevé de Tétrahydrocannabinol (THC) ou de principe actif, est énorme». «En 2010, le haschich marocain avait 1 % de THC, alors qu’en 2020 on a eu des saisies avec des pourcentages qui avoisinent les 50 %. Ce qui est dangereux pour la santé», a-t-il alerté. Plus explicite, l’invité a indiqué que «ce haschich moderne» a un pouvoir addictogène plus élevé que le haschich classique marocain et qu’il est comparable aux drogues dures, à savoir la cocaïne et l’héroïne. Pour faire face à ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur, le colonel Boumrah affirme que la lutte à nos frontières a été renforcée ces dernières années. «Des moyens techniques et scientifiques ont été mis à la disposition des différents services de sécurité pour lutter efficacement et sans merci contre les bandes spécialisées dans l’acheminement de drogue vers notre territoire, mais aussi de sa distribution à petite et à moyenne échelle dans le différents coins du pays», a-t-il déclaré. De son côté, la directrice de la prévention et la communication à l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt), Ghania Keddache, qui était hier l’invitée de la Radio nationale Chaîne 1, a indiqué que «l’Algérie est une cible majeure pour le Maroc pour exporter du cannabis», ajoutant que «l’Algérie est l’un des marchés que le Maroc cible pour exporter son produit de résine cannabis». Elle a souligné qu’«au cours des deux dernières années, la quantité saisie de cette substance a doublé». Mme Keddache a expliqué que «les saisies de résine cannabis ont atteint leur apogée en 2013, alors qu’elles dépassaient 211 tonnes, ce qui a poussé les autorités à intensifier les contrôles de sécurité aux frontières». L’invitée de la radio a ajouté que les quantités de saisies avaient diminué par la suite, atteignant 34 tonnes en 2018, mais que le mouvement d’exportation avait doublé plus tard, atteignant 88 tonnes en 2020. Dans le même contexte, Mme Keddache a indiqué que «le cannabis est produit au Maroc pour l’exportation, et sa production est affectée par la question de l’offre et de la demande», soulignant que les opérations d’exportation visent également l’Europe et ont besoin d’un réseau de transfert dans les zones de transit. L’intervenante a estimé que l’opération constituait une menace pour la sécurité et la stabilité sanitaire des zones utilisées comme zones de transit, dont l’Algérie. Pour ce qui est des autres types de drogue, elle a révélé que les enquêtes sur le terrain ont montré qu’il existe d’autres types en Algérie, comme la cocaïne, dont une augmentation significative de leur consommation a été enregistrée ces dernières années, après que la région Ouest de l’Algérie est devenue une zone de transit. Les substances psychotropes et les pilules hallucinogènes font partie des drogues dont la consommation a doublé chez les jeunes ces dernières années, selon Mme Keddache, qui a révélé que de 2 à 6 millions de comprimés ont été saisis entre 2019 et 2020. Elle a enfin dévoilé la stratégie nationale de lutte contre la drogue pour 2020-2024, supervisée par l’Office et regroupant les différents secteurs, focalisant, pour la première fois, sur l’axe de la recherche scientifique dans l’étude du phénomène de la drogue dans la société à travers l’association des chercheurs à la stratégie. Cette stratégie repose sur les indicateurs et données des enquêtes et études réalisées sur l’ampleur du phénomène de la drogue et les bilans des saisies, outre l’évaluation de la mise en œuvre des axes de la précédente stratégie basée sur les moyens de prévention et de prise en charge, a-t-elle ajouté.
T. K.

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