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jeudi 23 mars 2023

L’urgence des urgences selon Antonio Guterres

On sait qu’à la veille de la COP27 de Charm el-Cheikh, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a tenu un discours sur le réchauffement climatique que n’aurait pas renié la jeune Greta Thunberg, ce qui d’ailleurs ne veut pas dire qu’il péchait par excès. Il se peut bien au contraire qu’il corresponde à la réalité, ou qu’à tout le moins il la serre de bien plus près que tous ceux que lui-même avait pu prononcer auparavant sur le même sujet. Il semble que ce soit le spectacle effarant des dernières inondations au Pakistan, que tout le monde s’accorde à mettre sur le compte du dérèglement climatique, et que lui-même était allé voir de ses propres yeux, qui ait rendu Guterres plus qu’alarmé, catastrophé par l’inconscience ou l’inaction des hommes et des Etats. A la tribune de Charm el-Cheikh, il n’a pas atténué son propos, au contraire il l’a corsé, disant en particulier que l’humanité avait désormais le choix entre coopérer et périr. En principe, lorsqu’une question se pose en ces termes, elle est vite résolue. Encore faut-il connaître la signification exacte des mots employés. Or si on sait ce que veut dire périr, on ignore par contre ce que signifie coopérer. En effet, dans le capitalisme, le système économique en vigueur dans le monde entier, on n’a pas à coopérer, ni à l’intérieur d’un Etat ni entre Etats, mais à suivre son intérêt le plus personnel.

A moins d’être communiste, on n’appelle ni au partage ni à la coopération mais à la liberté économique. Ainsi seulement on se trouve à même de faire son bien et celui des autres. Chacun son propre intérêt et les vaches seront à la fois grasses et bien gardées. C’est cela le capitalisme et sa morale. Il suppose une planète aux ressources inépuisables, tant en matières premières qu’en travailleurs sans arrêt aux prises avec le besoin cruel, mais qui cependant sont libres de jeûner. Est-ce à dire que Guterres s’est trahi comme un communiste ? En tout cas il passerait pour tel dans un nombre croissant de pays. La réalité c’est que rien ne va plus dans un système fondé sur l’abondance en tout mais qui voit venir non seulement la pénurie à peu près en tout, mais le dérèglement climatique, c’est-à-dire le refus de la planète d’en subir plus qu’elle ne l’a fait jusque-là. Une coopération pour sauver la planète est-elle possible dans un système mondialisé basé sur la recherche de l’intérêt privé stricto sensu ? Le dérèglement climatique est le langage qu’a trouvé la planète pour dire qu’elle n’en peut plus, qu’elle a déjà tout donné, et qu’il faut arrêter de la malmener. Qu’il y a là urgence. Or l’urgence est dans l’épine qu’on a déjà dans le pied, pas dans celle qui attend qu’on lui marche dessus. On se réunit à Charm el-Cheikh pour dire combien il faut réduire les émissions de carbone, dans le même temps où dans nombre de pays l’urgence est dans les prix des carburants, trop élevés pour les budgets modestes, universellement les plus nombreux. Si les démocrates perdent les élections de mi-mandat, ce ne sera pas pour n’avoir rien fait pour contrer le réchauffement climatique mais pour n’avoir pas réussi à faire baisser les prix à la pompe. Ce serait le cas échéant comme si les électeurs leur reprochaient d’avoir gêné leur penchant naturel à polluer l’atmosphère.

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