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jeudi 18 avril 2024

L’urgence, c’est de se garder des mutants

Au départ, il n’y avait que le Royaume-Uni avec lequel les autres pays, proches et plus lointains, s’étaient empressés de couper toutes espèces de liaison, une fois que lui-même eut annoncé l’apparition sur son territoire d’un variant du Sars-Cov-2. En même temps d’ailleurs, ou quasiment, qu’il lançait la première campagne de vaccination dans le monde. Peu après, ce fut au tour de l’Afrique du Sud de faire état du même genre de mauvaise nouvelle. Mauvaise en ce sens que les deux variants sont plus contagieux que les précédents. Et non pas de précédent au singulier, puisqu’il est dans la nature d’un virus de muter sans arrêt. Jusqu’au jour d’ailleurs où il aura tellement changé qu’il sera devenu autre. Mais même alors, il n’aura pas changé en soi et pour soi, comme disent les philosophes, mais pour nous seulement, ses victimes, réelles et potentielles, son domaine de propagation et de multiplication, son champ de conquête. Puis est venue la troisième alerte, du Brésil celle-là, disant qu’un troisième variant a vu le jour, ou plus exactement s’est fait jour chez lui, l’initiative ici appartenant en effet et de bout en bout au virus. En moins d’un mois, donc, le virus a modifié sa clef d’entrée dans la cellule humaine, la fameuse protéine Spike, par trois fois, pour mieux crocheter sa serrure. D’ici à ce qu’il trouve le moyen d’y entrer comme dans un moulin, il n’y a peut-être pas loin. Il faut en tout cas le craindre.

L’apparition de ces trois mutations change la donne pour l’Algérie, qui fait partie du nombre, pas si grand, de pays où l’épidémie est jusqu’à présent restée relativement clémente. Notre priorité ne devrait plus être la vaccination, aussi nécessaire qu’elle soit, mais de barrer l’entrée sur notre territoire à ces trois mutants. Et à ceux qui viendront. Ce qui ne peut guère se faire qu’en maintenant la fermeture des frontières. La donne, en réalité, change pour tout le monde. Même le Royaume-Uni, vis-à-vis duquel tout le monde observe depuis la fin de l’année dernière une sorte de distance hygiénique, vient de couper ses liaisons non pas seulement avec l’Afrique du Sud et le Brésil, mais avec quatorze pays d’Amérique latine, en plus du Portugal, pour ses relations trop étroites avec le Brésil. Ce qui donne à penser que si au lieu d’être le pays de naissance d’une des trois mutations, il avait été un de ses voisins où celle-ci était impatiente de passer, le Royaume-Uni ne se serait pas contenté de reconfiner sa population, et de refermer ses écoles, il aurait coupé tous les ponts avec le continent, et par là avec le monde. Il se serait enfermé à double tour à l’intérieur de ses frontières, et il serait resté dans cet état aussi longtemps que le lui auraient permis ses provisions. En Algérie, le nombre des nouvelles contaminations oscille depuis plusieurs jours entre 200 et 300 toutes les 24 heures. Il repasserait sous la barre des 200 si cette situation devait se poursuivre. Le pays semble pouvoir réduire considérablement la vitesse de propagation du virus, et donc celui des décès, qui ces derniers jours ont été inférieurs à cinq, rien qu’en s’en tenant aux mêmes restrictions mises en œuvre depuis des mois maintenant. La reprise des transports publics entre wilayas ne s’est pas traduite par un rebond des contaminations, comme cela était à craindre. Ce serait une bonne chose évidemment si la campagne de vaccination commençait maintenant, mais dans tous les cas ce n’est pas sur elle qu’il faut compter pour continuer d’entraver l’expansion du virus qui a cours dans le pays. Si celui-ci ne variait pas pour devenir plus contagieux, et que ceux qui avaient muté ailleurs ne traversaient pas les frontières, la vaccination n’aurait chez nous qu’un rôle d’appoint, alors que c’est d’elle qu’on attend le salut ailleurs.

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