L’Organisation «a confirmé la décision prise lors du précédent sommet d’avril, dans un contexte de reprise de la demande d’or noir», a annoncé le cartel dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre expéditive qui n’aura duré qu’une demi-heure.
Par Meriem Benchaouia
Les membres de l’Opep+ ont décidé mardi de se conformer à la politique d’augmentation progressive de la production de pétrole d’ici juillet, sans prendre de décision pour le mois d’août ni aborder la question iranienne. L’Organisation «a confirmé la décision prise lors du précédent sommet d’avril, dans un contexte de reprise de la demande d’or noir», a annoncé le cartel dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre expéditive qui n’aura duré qu’une demi-heure. Cette stratégie consiste en un retour par palier entre mai et juillet d’un total de près de 1,2 million de barils par jour supplémentaires, auquel s’ajoute le volume d’un million de barils qui avait été retiré volontairement par Ryad au début de l’année. Les négociations au sein de l’Opep+, alliance scellée fin 2016 entre les treize pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), emmenés par l’Arabie saoudite et dix alliés, dont la Russie, ne sont habituellement pas avares en coups de théâtre, mais elles n’ont cette fois pas livré de surprise. S’exprimant lors des travaux de la 17e Réunion ministérielle Opep-Non Opep et la 30e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), tenues via visioconférence, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a fait savoir que les rapports de la réunion font ressortir des taux positifs des indicateurs de croissance de l’économie mondiale, ce qui a donné lieu à «une hausse de la demande sur le pétrole selon les prévisions du mois de juin». «Les représentants des pays participant à la réunion ont ainsi convenu d’augmenter la production pour le mois de juillet de 441 000 b/j, en vue de l’approvisionnement du marché mondial», a-t-il ajouté. Selon le ministre, «les 23 pays de l’Opep et Opep+ sont convenus unanimement de poursuivre cette opération ainsi que les réunions périodiques mensuelles pour maintenir la stabilité du marché». Les deux réunions étaient, a-t-il estimé, «fructueuses», et les ministres avaient d’ailleurs constaté les résultats de l’application de la réduction de la production en avril, où le taux d’adhésion avait atteint
114 %, «ce qui a favorisé un équilibre du marché et a traduit la stabilité des cours du pétrole durant cette période». Cet état de fait a poussé les participants, lors de ces réunions, à décider de «maintenir le taux de vigilance et continuer de contrôler le marché», dans la mesure où la vaccination contre le Covid-19 dans certains pays n’a pas encore atteint le rythme des grandes puissances, en sus des indices de stockage mondial qui restent assez élevés.
Demande encourageante
Les 23 membres laissent volontairement inexploitée une part importante de leurs réserves pour ne pas inonder un marché fragilisé par la crise sanitaire. Mais des prix convalescents et le retour de la demande, notamment en Europe et aux États-Unis, offrent désormais la possibilité au cartel de rouvrir davantage les vannes. «La demande s’est améliorée sur plusieurs grands marchés mondiaux, comme les États-Unis et la Chine (les deux premiers consommateurs de brut, NDLR)», a expliqué le ministre saoudien de l’Énergie et chef de file de l’alliance, Abdelaziz ben Salmane, en amont du sommet. Le demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a également salué le progrès des campagnes de vaccination contre le Covid-19 et la réduction des stocks de brut à travers la planète, tout en notant la présence de «nuages à l’horizon». «Nous sommes convaincus que l’économie mondiale est sur la voie de la reprise et que la situation se normalise», a abondé le vice-Premier ministre russe, Alexandre Novak, chargé de l’Energie.
Solide hausse des prix du pétrole
Le mouvement haussier est resté important sur le marché du pétrole après le sommet des producteurs de l’Opep+, le cours de référence outre-Atlantique retrouvant un niveau plus vu depuis plus de deux ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a conclu à 70,25 dollars à Londres, en hausse de 93 cents ou 1,34 % par rapport à la clôture de la veille. A New York, le baril de WTI pour le mois de juillet s’est apprécié de 2,11 % ou 1,40 dollar à 67,72 dollars. Le Brent et le WTI ont atteint un peu plus tôt dans la séance 71,34 dollars et 68,87 dollars, des prix respectivement plus vus depuis le 8 mars dernier et le 23 octobre 2018.