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samedi 25 mars 2023

L’offre de médiation chinoise

Les propositions de Pékin pour un règlement politique de la guerre en Ukraine, rendues publiques vendredi dernier, ont été accueillies avec intérêt aussi bien par la Russie que par l’Ukraine, dont le président, Volodymyr Zelenskiy, a dit vouloir rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, sûrement dans l’intention d’en parler plus en détail. Elles n’ont pas été reçues avec la même bienveillance par les alliés de Kiev, en tout cas par ceux qui, comme l’Allemagne, se sont empressés de les rejeter, à croire que c’est à eux qu’elles ont été faites. Un hebdomadaire allemand bien connu a attendu cette publication pour y aller d’une désinformation plutôt grossière, comme quoi la Chine, tout en affectant la neutralité, serait en réalité tout près de livrer des armes à la Russie, des drones kamikaze en l’occurrence. Les Américains qui les premiers ont usé de ce procédé, assez grossier d’ailleurs pour ne tromper personne, s’y sont pris cette fois-ci de façon plus subtile, arguant qu’un arrêt des combats n’avait pas la même signification selon que c’est l’Ukraine ou la Russie qui s’y résolvait. Si c’est la Russie, a dit leur chef de la diplomatie, Antony Blinken, qui prenait cette initiative, c’est effectivement la guerre qui prenait fin, mais si c’est l’Ukraine qui faisait ce choix, c’est elle-même qui cessait d’exister en tant qu’Etat souverain.

Il ne semble pas lui être venu à l’esprit qu’un cessez-le-feu n’a de sens que s’il est observé en même temps par les deux parties en conflit. En fait, par ce genre de propos, le secrétaire d’Etat opposait une fin de non recevoir à tout règlement de la crise basé sur le cessez-le-feu décrété d’un commun accord, ouvrant de ce fait sur la négociation, alors que son pays aspire depuis le début à tout autre chose, à infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire une défaite dont elle ne pourrait pas ensuite se relever. Les propositions chinoises, au nombre de 12, sont fondées sur la conviction que seule la reprise de la négociation directe entre la Russie et l’Ukraine pourrait conduire au rétablissement de la paix. La désescalade puis le cessez-le-feu en sont les conditions sine qua non. Par deux fois déjà la négociation directe s’est avérée être la solution. Une première fois, tout au début de la guerre, Russes et Ukrainiens, sous l’égide de leur voisin commun, la Biélorussie, étaient parvenus à un accord, qui n’attendait que d’être signé et mis en œuvre. Là-dessus Américains et Britanniques s’en étaient mêlés qui avaient mis l’Ukraine en demeure de se retirer de la négociation sous peine d’être sevrée de leur aide et de celle de leurs alliés. La deuxième fois, ce fut relativement à l’exportation des céréales des deux pays qui avait pu reprendre grâce notamment à la médiation de la Turquie et des Nations unies, un accord qui avait été profitable non pas seulement aux deux pays en guerre mais au monde entier, qui grâce à lui avait échappé à une grave crise alimentaire. Ainsi donc, preuve a été faite que ces deux pays, bien que se faisant une guerre implacable, étaient dans le fond faits pour s’entendre, et qu’il suffisait pour cela qu’ils soient à même de se parler directement. Jusqu’à preuve du contraire, l’offre de médiation de Pékin, car au fond c’est à cela que se ramène son initiative, peut être acceptée et commencer alors à dévider son écheveau. Pour le moment, cette possibilité existe encore, eu égard à l’accueil qui lui a été réservé par ceux auxquels elle est destinée au premier chef. Mais déjà les alliés occidentaux de l’Ukraine font pression sur elle pour qu’elle ne s’y engage pas.

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