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jeudi 28 mars 2024

L’initiative est ukrainienne mais dans des limites apparemment convenues

Depuis plusieurs semaines, on peut dire que les forces russes n’avancent dans aucune direction en Ukraine, comme si elles avaient atteint leur but et qu’il ne s’agissait plus pour elles que de le préserver, peut-être dans l’attente d’une négociation, ou même seulement, du moins dans un premier temps, du début d’une médiation. Elles occupaient quelque 20% du territoire ukrainien, elles en occupent presque autant pour l’heure, même après avoir abandonné des positions dans la région de Kharkiv, sous la pression de la contre-offensive ukrainienne de ce mois. Les succès de cette dernière ne conduisent pas ses auteurs à pousser leur avantage, en franchissant par exemple la frontière russe, à laquelle ils toucheraient à présent, ou en poursuivant sur leur lancée à l’est, dans Lougansk. Evidemment, ce qu’ils se gardent de faire maintenant, il n’est pas dit qu’ils ne s’y consacreront pas demain. D’autant que depuis que les lignes russes se sont figées, pour une raison qu’il reste à déterminer, l’initiative leur est revenue, peut-être pour longtemps. Le but de Kiev est proclamé : la libération de tout le territoire occupé, non pas seulement depuis le 24 février dernier, mais depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée. Celui des Russes n’est pas aussi évident, même s’ils continuent de s’y référer, comme ils viennent de le faire justement, pour signifier qu’ils ne le révisent pas, qu’ils s’y tiennent toujours, qu’il ne s’était agi pour eux dernièrement que d’un repli de nature purement tactique. Quand une armée en vient à se replier, en principe c’est dans l’intention de repartir à l’offensive quelque temps plus tard. Il ne semble pas que ce soit le cas de l’armée russe, dont la présence en Ukraine n’est toujours pas appelée guerre par ses chefs, mais simple opération militaire spéciale. Si elle était engagée dans une guerre, on saurait quel serait son objectif avec la même précision que celui de Kiev. Ce serait l’occupation de toute l’Ukraine, en tout cas dans un premiers temps. Elle a dit et répété que telle n’était pas son intention. Si les russes, qui s’étaient retirés d’Izioum, la reprenaient, mais sans pousser plus loin leur offensive, eux non plus, ce serait juste pour prouver aux Occidentaux, engagés contre elle dans une guerre par procuration, qu’ils se font des illusions, qu’eux-mêmes ne sont pas en train de perdre cette guerre, qu’au contraire elle reste entièrement sous leur contrôle. Mais si en revanche, faute de moyens, ils n’assènent pas cette démonstration, en même temps que l’initiative du mouvement reste aux Ukrainiens, ce serait comme s’ils encourageaient l’Otan à faire le pas supplémentaire, que celle-ci hésite encore à faire, consistant à livrer des missiles de longue portée, capables quant à eux de tomber dans la profondeur du territoire russe. A peu près à chaque étape de cette guerre, en particulier quand ce sont eux qui subissent les plus grosses pertes, les Russes ont tenu à rappeler aux Occidentaux que passer outre cette ligne rouge, ce serait les amener eux à les considérer désormais comme des belligérants au même titre que les Ukrainiens. Leur riposte ne resterait pas confinée à l’Ukraine. A chaque fois aussi, les Américains s’empressent de calmer leur appréhension, en disant qu’il n’entre toujours pas dans leur intention de livrer ce genre d’armement à Kiev.

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