17.9 C
Alger
dimanche 11 juin 2023

L’inflation galopante ne fait pas tomber Erdogan

Bien qu’étant dans leur phase finale, les élections turques continuent de river à leur déroulement leur large public turc et non-turc. Leur suspense ne diminue pas d’intensité sous prétexte qu’elles se terminent. Toutefois ce suspense ne porte pas sur les mêmes objets qu’au début du scrutin, dimanche dernier. On se demandait alors si le président Tayyip Erdogan allait être «sorti» dès le premier tour, ou s’il fallait attendre le deuxième dans deux semaines pour voir se produire cet autre tremblement de terre en Turquie. Non seulement il n’a pas été détrôné dès le premier tour par Kamel Kiliçdaroglu, mais au bout du compte il a pris une avance non négligeable sur lui. A l’heure où ces lignes sont écrites, le dépouillement s’achève, étant déjà accompli à 99 %. A un tel niveau, on devrait avoir réponse à toutes les questions possibles relatives à ces élections, et notamment au sort du président sortant. En l’occurrence non, même si le suspense est autrement orienté.

C’est ainsi qu’on ne se demande plus si Erdogan va ou non tomber, mais s’il va ou non être réélu dès le premier tour. Il reste un 1 ou 2 %, les informations à cet égard étant fluctuantes, du total des bulletins à dépouiller. Comme ce sont ceux des votants à l’étranger, il est possible, c’est en tout cas ce que semble croire Edogan, qu’ils pourraient suffire à porter son score, déjà supérieur à 49 %, celui de son rival étant quant à lui de 45 %, des voix exprimées, au-dessus de 50 %. Ce qui le cas échéant le ferait réélire dès le premier tour, tout en lui faisant épargner les fatigues et incertitudes d’un deuxième. La présidentielle polarise à ce point l’attention qu’on en oublie presque qu’elle se déroule en même temps que des législatives, elles aussi d’ailleurs en train d’être remportées par l’alliance soutenant Erdogan et que même mène son parti, l’AKP. On disait hier qu’Erdogan ne se représentait pas tant contre Kiliçdaroglu que contre une inflation dépassant les 50 %. A posteriori, cela n’est pas tout à fait exact. Il se représentait aussi contre un troisième homme, Sinan Ogan, qui a réalisé un score inespéré de plus de 5 %, qui est le candidat de l’Alliance ancestrale, de mouvance nationaliste. Sans lui, Erdogan aurait probablement été déjà réélu. S’il ne l’est pas à l’annonce des résultats officiels, qui ne devraient pas trop tarder au rythme où cela va, il n’en serait pas quitte pour autant, il devrait encore compter avec les consignes de vote de ce perturbateur. Les choses seraient plus simples pour Erdogan s’il n’y a aucun report, ni sur lui ni sur son rival, dans le cas bien sûr où un deuxième tour s’avère nécessaire pour les départager. En effet, la très forte participation, une autre caractéristique de ces élections, dont il est dit qu’elle dépasserait les 90 %, implique que les deux candidats ont fait le plein des voix de leurs camps respectifs. Même les électeurs des régions les plus touchées par les derniers séismes, d’ailleurs pour la plupart des bastions de l’AKP, se sont rendus massivement aux urnes. Si les deux alliances en présence s’affrontaient lors d’un éventuel deuxième tour sans apport extérieur, la victoire reviendrait sûrement à Erdogan. Maintenant, il semble qu’elle serait sienne même dans le cas d’un report de voix, les électeurs de Sinan Organ étant idéologiquement plus proches de l’alliance représentée par Erdogan que de celle portant Kiliçdaroglu.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img