Sans surprise, les relations entre la nouvelle administration démocrate et les autorités israéliennes ne sont pas aussi fusionnelles, loin s’en faut, qu’elles le furent sous la présidence de Donald Trump qui aura décidément été le président américain le plus pro-israélien ces dernières décennies. Aujourd’hui, la pierre d’achoppement dans la mise en place d’une relation solide entre l’administration Biden et le gouvernement hébreu est le traitement du dossier iranien. Effectivement, les multiples déclarations israéliennes critiquant une reprise des relations irano-américaines ne sont pas du goût de la Maison-Blanche qui s’agace de cette ingérence, surtout après l’attaque, attribuée à Israël, d’une centrale nucléaire iranienne il y a quelques jours, alors que des pourparlers ont repris entre Washington et Téhéran. Biden qui avait fait de la reprise de l’Accord sur le nucléaire iranien l’une de ses grandes thématiques de campagne, se retrouve bien embarrassé par ses alliés israéliens qui semblent décidés à saboter toute chance de reprise sérieuse de dialogue entre les Américains et les Iraniens. L’on se souvient d’ailleurs qu’en 2015 Benyamin Netanyahu n’avait pas ménagé ses efforts pour tenter de mettre des bâtons dans les roues de Barack Obama lors de la signature initiale de l’Accord sur le nucléaire. Il s’était même, violant toute règle diplomatique, adressé directement au Congrès américain pour convaincre les parlementaires de s’opposer à Obama et d’empêcher la mise en place de relations entre Washington et Téhéran. Une démarche qui avait à l’époque fortement nuit aux relations entre Obama et Netanyahu, dont la mésentente était affichée publiquement. Joe Biden, qui fut le vice-président d’Obama durant ses deux mandats à la Maison-Blanche, semble par ailleurs suivre le courant de son parti qui depuis quelques années n’hésite plus à questionner ouvertement la politique israélienne vis-à-vis de la question palestinienne. De leurs côté les dirigeants israéliens se sont naturellement rapprochés du parti républicain américain qui porte désormais leurs revendications aux États-Unis. Reste à voir jusqu’où ira Biden dans son opposition à Netanyahu, qui pour le moment se limite au dossier iranien, et si la nouvelle administration américaine décidera de se saisir aussi du dossier palestinien pour, pourquoi pas, changer de ligne par rapport à l’administration Trump qui avait montré une absolue partialité en faveur des Israéliens qui a bloqué durant quatre ans toute possibilité d’avancée.