Des ambassades et représentations diplomatiques de plusieurs pays vont rouvrir très prochainement leurs portes à Tripoli, la capitale libyenne, à la faveur du retour progressif de la paix dans ce pays, consolidé récemment par la mise en place d’un nouveau gouvernement d’unité nationale, rapportent des médias libyens.
Plusieurs pays ont fermé leurs ambassades ou réduit leur fonctionnement au minimum après la période d’instabilité qu’a connue la Libye durant des années, depuis la chute de l’ancien régime de Maâmar el Kaddafi en 2011.
Le dernier pays en date à avoir fait part de son intention de rouvrir son ambassade à Tripoli est l’Espagne. Reçu, jeudi, par le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes al-Manfi, l’ambassadeur d’Espagne en Libye, Khafir Djou Larchi, a indiqué que l’ambassade de son pays qui a réduit au minimum ses services va rouvrir très prochainement ses portes pour travailler pleinement.
La République de Malte et l’Egypte ont également fait savoir récemment, par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères, que leurs ambassades respectives vont rouvrir très prochainement en Libye. En attendant, l’Egypte a décidé de rouvrir son consulat général à Tripoli.
Par ailleurs, plusieurs entreprises et compagnies aériennes ont décidé de retourner en Libye pour relancer leurs activités bloquées en raison de la crise dans ce pays.
Le gouvernement de transition libyen, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a pris ses fonctions mardi. Composé de 35 portefeuilles, dont cinq ont été confiés à des femmes, le nouvel exécutif s’est fixé douze objectifs durant la période de transition devant prendre fin d’ici aux prochaines élections générales prévues le 24 décembre de l’année en cours.
Il s’agit, entre autres, d’«assurer la souveraineté à travers l’ensemble du territoire libyen, d’évacuer les mercenaires et forces étrangères du pays, sécuriser les frontières, d’améliorer le quotidien des Libyens et d’instaurer une réconciliation nationale».
L’embargo sur les armes reste «totalement inefficace»
L’embargo sur les armes imposé à la Libye par le Conseil de sécurité en 2011 reste «totalement inefficace», a déclaré un groupe d’experts de l’ONU.
Dans son rapport final, le Groupe d’experts sur la Libye – créé en application de la résolution 1973 (2011) – déclare que tout au long de son mandat, l’organe a identifié de «multiples actes» qui ont menacé la paix, la stabilité ou la sécurité du pays, et des attaques accrues contre les institutions et infrastructures de l’Etat.
«Les groupes terroristes désignés sont restés actifs en Libye, même si leurs activités ont diminué. Leurs actes de violence continuent d’avoir un effet perturbateur sur la stabilité et la sécurité du pays», déclare le groupe d’experts.
L’embargo sur les armes de 2011 – qui interdit aux Libyens d’exporter des armes et des matériels connexes, et oblige les Etats membres de l’ONU à empêcher la fourniture directe ou indirecte d’armements à la Libye – «reste totalement inefficace», note-t-il, ajoutant que les civils, y compris les migrants et les demandeurs d’asile, continuent de souffrir de violations et d’abus généralisés de leurs droits.
«Pour les Etats membres qui soutiennent directement les parties au conflit, les violations sont étendues, flagrantes et au mépris total des sanctions.
Leur maîtrise de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement complique la détection, la perturbation ou l’interdiction. Ces deux facteurs rendent la mise en œuvre de l’embargo sur les armes plus difficile», ajoutent-ils.
En outre, la mise en œuvre du gel des avoirs et des mesures d’interdiction de voyager concernant des personnes désignées reste également inefficace, selon les experts.
Dans son rapport de 548 pages, le groupe d’experts décrit, par ordre chronologique, les violations de l’embargo sur les armes au bénéfice des forces affiliées au gouvernement d’Union nationale et à la force affiliée au général Khalifa Haftar, déployée dans une partie de l’est et du sud du pays.
Les informations présentées comprennent la date identifiée de l’Etat membre ou la partie responsable.
Les auteurs du rapport notent également que les autorités de l’est de la Libye ont poursuivi leurs efforts pour exporter illégalement du pétrole brut et importer du carburant pour les avions, mais en moindre quantité.
Selon eux, l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la demande mondiale a entraîné un arrêt temporaire des exportations illicites de produits pétroliers raffinés par voie maritime. La contrebande de carburant par voie terrestre s’est poursuivie, bien qu’à petite échelle.
Le groupe d’experts note que l’infrastructure des réseaux de contrebande des villes côtières de Zuwarah et d’Abou Kammash, dans l’ouest de la Libye, «reste intacte et leur volonté de procéder à des exportations illicites n’a pas diminué».
«Une reprise de leurs activités illicites, une fois que la demande mondiale de carburant de soute aura repris, est à prévoir», ajoute-t-il.
Le groupe d’experts prend note d’une série de recommandations adressées au Conseil de sécurité ainsi qu’à son comité créé par la résolution 1970 (2011).
Les recommandations prévoient d’envisager de confier au Comité le mandat de désigner les aéronefs et d’imposer des mesures telles que la radiation du pavillon, une interdiction d’atterrir et une interdiction de survol à travers la Libye.
Il recommande également au Conseil de sécurité d’autoriser les Etats membres à inspecter, en haute mer au large des côtes de la Libye, les navires à destination ou en provenance du pays dont ils ont des motifs raisonnables de croire qu’ils exportent ou tentent d’exporter illicitement du pétrole brut ou des produits pétroliers raffinés.
R. M.