Plusieurs centaines de Libyens ont manifesté dans la capitale Tripoli et à Misrata (ouest) vendredi, pour dénoncer la participation à l’élection présidentielle de Seif al-Islam Kadhafi, fils cadet de Mouammar Kadhafi et du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est.
Par Dalil Y.
Dans la capitale, ils brandissaient des drapeaux libyens et berbères ainsi que des pancartes avec des inscriptions en arabe et en anglais contre la participation aux élections de ceux qu’ils ont qualifié de «criminels de guerre».
Certains manifestants ont piétiné les portraits de Seif al-Islam Kadhafi et de Khalifa Haftar, barrés d’une croix rouge, ont constaté des journalistes.
A Misrata, ils étaient «plusieurs centaines à protester de la même manière», selon la télévision privée libyenne, Libya Febrayer. «Oui aux élections, non aux criminels», scandaient les protestataires.
Mardi, le maréchal Haftar s’est porté candidat à la présidentielle de décembre, deux jours après Seif al-Islam Kadhafi, recherché par la Cour pénale internationale pour des accusations de «crimes contre l’humanité».
L’ex-ministre Fathi Bachagha officiellement candidat
L’ancien ministre libyen de l’Intérieur, Fathi Bachagha, a présenté officiellement jeudi sa candidature à l’élection présidentielle prévue en décembre, rapportent des médias.
«Moi, Fathi Bachagha, je déclare ma candidature à l’élection présidentielle», a-t-il déclaré après le dépôt de sa candidature au bureau de la Haute commission électorale (HNEC) à Tripoli.
La candidature de cet ancien pilote de chasse, âgé de 59 ans, porte à 15, selon la HNEC, le nombre de candidats officiellement enregistré pour l’élection du 24 décembre et parmi lesquels figurent notamment Seif al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien dirigeant libyen, Mouammar El-Gueddafi, et l’officier à la retraite Khalifa Haftar.
Mercredi, le président du Parlement libyen, Aguila Saleh, 77 ans, a annoncé sa candidature dans un discours télévisé mais n’a pas encore déposé son dossier.
La Haute commission électorale libyenne (HNEC) a annoncé l’ouverture le 8 novembre du dépôt des candidatures pour la présidentielle. Pour ce scrutin général (présidentielle et législatives), plus de 2,83 millions de Libyens, sur environ 7 millions d’habitants, se sont inscrits sur la plateforme en ligne de la HNEC.
La Libye accuse la Belgique de lorgner des fonds libyens gelés
Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a accusé mercredi la Belgique d’essayer de mettre la main sur des fonds libyens gelés par les Nations unies depuis 2011.
«Nous avons un problème avec la Belgique (…) un pays que nous considérons comme développé, mais il y a apparemment (…) de la cupidité visant les fonds libyens en Belgique», a affirmé M. Dbeibah lors du Conseil des ministres, selon une vidéo de la réunion publiée sur le site du gouvernement.
«Les autorités belges, et je le dis ici officiellement, tentent une nouvelle fois de mettre la main sur l’argent des Libyens en Belgique», a-t-il insisté.
Les avoirs et investissements étrangers de la Libye, gérés par le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA), ont été placés sous séquestre en 2011 par l’ONU pour éviter des détournements.
Ces fonds, éparpillés sur plusieurs continents par le dictateur Mouammar Kadhafi avant la chute de son régime en 2011, font souvent l’objet de querelles judiciaires entre l’Etat libyen et les pays où ils sont déposés.
En Belgique, où ils sont estimés à environ 14 milliards d’euros, les fonds libyens sont au cœur d’une affaire impliquant des personnalités en vue, comme le prince Laurent, frère cadet du roi Philippe.
Depuis fin 2014, s’appuyant sur une décision de la justice belge en sa faveur, le prince cherche à récupérer plusieurs dizaines de millions d’euros investis en 2008 en Libye par son association sans but lucratif (ASBL) Global Sustainable Development Trust.
Une polémique a éclaté en 2017 car une partie de ces fonds correspondant aux intérêts produits a été dégelée en Belgique dans des conditions obscures.
Une délégation libyenne «se rendra en Belgique prochainement pour essayer de régler cette affaire».
«Nous tenons à protéger et défendre l’argent que nous avons chez eux», a souligné M. Dbeibah, menaçant de «retirer» tous les avoirs libyens en Belgique lorsqu’ils auront été dégelés.
«Cela ne nous honore pas de traiter avec pays qui essaie de mettre la main ou de voler notre argent», a-t-il asséné.
La Libye, pays riche en hydrocarbures, peine à redresser son économie, fragilisée par une décennie de chaos politique et de violences sanglantes depuis la chute du régime de Kadhafi.
D. Y.