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samedi 1 avril 2023

Libye : le Conseil présidentiel suspend Najla Mangoush

La manière la plus simple de résoudre une crise politique, si la solution révolutionnaire n’est pas possible ou qu’elle a déjà échoué, c’est de s’en remettre à nouveau au peuple, à travers des élections, même si cela est souvent plus facile à dire qu’à faire. En Libye en tout cas, les élections paraissent pour l’heure la voix royale de sortie de crise, d’autant plus praticable que tout le monde se dit d’accord pour les tenir. Elles devront se faire en deux étapes, alors que dans un premier temps il était convenu de les organiser simultanément : une présidentielle pour commencer, prévue pour le 24 décembre, des législatives dans la foulée pour clore le processus de Berlin. Si les élections étaient la solution aux problèmes libyens, nés de l’agression franco-britannique de 2011, alors les Libyens n’auraient qu’à patienter quelques semaines de plus pour voir ces problèmes se dissiper d’un coup, comme par enchantement, pour entrer de plain-pied dans une nouvelle période de leur histoire. Il faut seulement prendre garde à ce qu’elles ne compliquent pas la crise au lieu de la résoudre. Comme on le voit en ce moment en Irak, où les élections tenues le 10 octobre, censées faire tomber la pression, l’ont fait monter au contraire.

Il ne serait même pas impossible qu’elle participe à la Conférence internationale de Paris sur la Libye, à l’initiative de la France, qui doit avoir lieu dans maintenant moins d’une semaine. Il y a même de fortes chances pour qu’elle y soit, du moment que le Chef de son gouvernement, Abdelhamid Dbeibah, lui renouvelle sa confiance, encore que l’invitation française ait été faite au gouvernement non pas à un de ses membres. En Libye même, certains s’expliquent la mesure de suspension prise contre la ministre par les déclarations faites par elle dans un entretien avec la BBC, selon lesquelles les négociations sur l’extradition aux Etats-Unis d’un des auteurs présumés de l’attentat de Lockerbie, Abou Agila Mohammed Masaoud, aujourd’hui détenu en Libye mais pour une autre affaire, devraient bientôt aboutir. On voit mal a priori pourquoi la perspective de cette extradition déplairait tant au Conseil présidentiel. Il y a plus simple pour rendre compte de la décision probablement d’ailleurs sans effet prise contre la ministre des Affaires étrangères. C’est le fait que plus on s’approche de la date des élections, plus on voit que les deux composantes du pouvoir issues du Forum de dialogue libyen, il y a moins d’une année, n’appartiennent pas au même camp ; que l’un, le Conseil présidentiel dépend de Tobrouk, et l’autre, le gouvernement, de Tripoli. Ce n’est pas un seul membre du gouvernement Dbeibah que le Conseil présidentiel, à la tête duquel se trouve Mohamed el-Menfi, aurait voulu suspendre, et même révoquer, mais tout le gouvernement. S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il n’en a pas le pouvoir. Le gouvernement n’hésiterait pas à lui faire subir le même sort s’il le pouvait. Cela, tout le monde le sait, mais tout le monde fait comme si la Libye allait droit à des élections, dont les résultats seraient acceptés par les parties prenantes. Un processus illusoire est en cours que personne ne veut remettre en cause de peur du chaos qui s’y substituerait. Ce n’est pas maintenant que l’on est si près du but qu’on va se mettre à douter de la feuille de route établie en fait depuis la première Conférence de Berlin en 2020. On connaît l’obstacle, ce sont les deux factions libyennes, dont le pouvoir est tout relatif, leur pays étant sous mandat international. Ce serait leur accorder trop d’importance que de les supposer en capacité de faire échec au plan de restauration de l’unité de la Libye concocté par la communauté internationale.

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