Le Chef du gouvernement libyen reconnu par l’ONU, Fayez al-Sarraj, a dénoncé jeudi devant l’Assemblée générale annuelle de l’Organisation le comportement des milices armées dans son pays, qui risquent de mettre en péril le fragile cessez-le-feu observé. Dans son allocution vidéo, pré-enregistrée pour l’Assemblée qui se tient essentiellement virtuellement à cause de la pandémie, le responsable, qui a annoncé vouloir quitter ses fonctions d’ici fin octobre, a salué les engagements des dirigeants politiques dans l’est de la Libye, opposés à son pouvoir, à arrêter la violence et reprendre la production pétrolière. «Cependant, nous n’avons pas vu de coopération des groupes armés et de milices agressives», a-t-il souligné. «En fait, nous n’avons vu que des déclarations hostiles de leur porte-parole et des violations commises par leurs forces», a-t-il précisé. «En conséquence, elles seront tenues pour responsables de toute confrontation militaire et d’éventuelles destructions et victimes qui en découleront».
Le gouvernement de Fayez al-Sarraj est soutenu depuis la fin de l’année dernière par la Turquie. Son opposant dans l’est, le maréchal Khalifa Haftar, a de son côté un appui notamment de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de la Russie. Fayez al-Sarraj a demandé le soutien des Nations unies pour organiser des élections. «Les Libyens ont attendu trop longtemps pour ces élections», a-t-il déploré. Après des mois de divisions entre membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, doit nommer prochainement un nouvel émissaire pour la Libye, afin de succéder au Libanais Ghassan Salamé, démissionnaire début mars pour raison de santé. Parmi les noms qui circulent figure celui de l’actuel émissaire pour le Proche-Orient, le Bulgare Nickolay Mladenov. En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, l’Allemagne a prévu d’organiser une visioconférence sur la Libye à un niveau ministériel le 5 octobre afin de relancer les efforts de paix dans ce pays, en chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi.
Financement libyen : les recours déposés par le camp de Nicolas Sarkozy rejetés
La cour d’appel de Paris a rejeté jeudi l’essentiel des recours déposés par le camp de Nicolas Sarkozy qui contestait l’enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en France de 2007. Saisie par l’ex-président français et plusieurs de ses proches mis en cause dans l’enquête, la chambre de l’instruction a ainsi validé les investigations lancées il y a huit ans dans ce dossier aux multiples ramifications.
La défense peut encore se pourvoir en cassation mais la décision de la cour d’appel rapproche l’hypothèse d’un procès pour l’ancien président (2007-2012). Témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations d’un intermédiaire… Après sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d’indices troublants qui ont donné corps à la thèse d’un financement de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 par Kadhafi. En novembre 2016, l’homme d’affaires Ziad Takieddine, mis en examen dans cette affaire et en fuite alors qu’il a été condamné en juin dans le volet financier de l’affaire Karachi, avait affirmé avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d’euros à M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Toutefois, aucune preuve matérielle n’a été retrouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à neuf mises en examen à ce jour.
Nicolas Sarkozy vit sa retraite politique sous pression judiciaire, et a été rattrapé par plusieurs affaires. Il sera bientôt jugé pour «corruption» en France dans l’affaire dite des écoutes puis l’année prochaine pour ses dépenses excessives de campagne 2012.
L. B.