Si François Hollande semblait d’abord prendre la candidature, puis la victoire, de son ancien ministre de l’Économie à l’élection présidentielle en 2017 avec un certain fair-play, il est rapidement apparu que l’ancien chef d’État soit décidé à savonner la planche à Emmanuel Macron dès que l’occasion se présente. Pourtant, plutôt que de profiter des tensions actuelles sur la loi sur le «séparatisme» présenté par le gouvernement pour critiquer une fois encore son ancien ministre, il a défendu ce texte porté par son successeur. L’ex-président français a affirmé que la laïcité n’était «pas contre les musulmans», mais au contraire permettait «la liberté de culte de toutes les religions», sur Radio J. «La laïcité n’est pas contre les musulmans, pas plus qu’elle n’est contre les catholiques ou contre les juifs», a affirmé François Hollande. «Au contraire, elle permet la liberté de culte et la liberté de conscience, elle assure la neutralité de l’État et fait qu’aucune religion ne vienne interférer dans les lieux où elle n’a pas sa place», a-t-il expliqué. «Je dis aux jeunes : quelle chance vous avez de vivre en France ! Vous pouvez croire ou ne pas croire. Il n’y a pas de religion d’État. Dans beaucoup de pays, y compris démocratiques, il y a des religions d’État», a-t-il ajouté. Interrogé sur les déclarations de Jean-Luc Mélenchon, dirigeant de La France Insoumise, qui a accusé le gouvernement de «stigmatiser» les musulmans avec son projet de loi contre le séparatisme, l’ex-chef de l’État a répondu : «Prétendre qu’un texte de loi puisse être regardé comme un texte contre les musulmans, ce n’est pas favoriser la concorde nationale». L’Assemblée nationale, qui examine le projet de loi «confortant le respect des principes de la République», a voté unanimement jeudi une des mesures phares du texte qui prévoit de punir de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende toute personne menaçant, violentant ou intimidant un élu ou un agent du service public dans le but de se soustraire totalement ou partiellement aux règles des services publics. L’ex-président socialiste a ainsi réussi à mettre de côté sa rancœur contre son ancien ministre pour tenter d’apaiser les tensions autour de ce texte, alors que la gauche, bien au-delà de Mélenchon, se montre de plus en plus critique et que le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, fait partie de ceux qui accusent cette loi d’être inutile. Toutefois, si Hollande n’a pas sauté sur cette occasion pour critiquer une fois de plus Macron comme il l’avait allégrement fait lors de la crise des «gilets jaunes» ou au début de la crise du Covid-19, il trouvera certainement dans les semaines et mois à venir un nouveau sujet sur lequel il pourra prendre en faute l’action de l’Élysée.