Pour la deuxième fois consécutive le nombre des nouveaux cas de contamination a baissé par centaines, passant en deux jours et en chiffres ronds de 1900 à 1200, ce qui n’est pas pour démentir l’idée que la troisième vague ayant possiblement atteint son pic est entrée dans sa phase de déclin. Mais cela n’est pas pour établir le fait de façon définitive. Pour cela il faut attendre encore que deux ou trois jours se passent et sans qu’un rebond se produise, qui apporterait du même coup la preuve que le pic de la vague, plus haute et plus meurtrière que les précédentes, n’est pas derrière mais encore devant nous. En l’espèce la circonspection est d’autant plus de mise que s’il y a eu effectivement recul marqué dans le nombre des nouvelles contaminations quotidiennes, celui des décès lui en revanche n’est pas retombé dans les mêmes proportions. Il est resté près du niveau qui était le sien au plus haut de la vague, il y a trois jours, se chiffrant toujours à près d’une quarantaine, toujours donc nettement supérieur à ce qu’il était avant cette troisième vague, lorsqu’il se situait à moins d’une dizaine par jour. La preuve est ainsi faite de la dangerosité du variant Delta, d’ores et déjà dominant.
Pour autant, il n’a pas complètement bouleversé le tableau de la pandémie en Algérie. Les chiffres ont certes évolué à la hausse, ainsi que cela s’est produit partout dans le monde où il a fini par prévaloir, mais sans exploser pour autant. Ils ont frisé les 2 000 pour les nouveaux cas et les 40 pour les décès, avant de se remettre aussitôt à baisser. La même immunité collective de départ qui avait ralenti la progression de la maladie lorsque c’était les autres variants qui dominaient, a bloqué l’expansion de Delta lorsqu’il a fini par prendre le dessus. L’augmentation des chiffres lui est imputable sans doute, mais sûrement pas le fait qu’ils n’aient pas explosé, qu’ils soient donc restés dans les limites imposées par le milieu. Qu’ils soient restés nettement inférieurs à ce qu’ils sont ailleurs dans notre région, et ce, des deux côtés de la Méditerranée. Le variant Delta a fait passer les décès quotidiens de moins de dix à près de quarante. Autant dire qu’il les a multipliés par plus de quatre. C’est qu’avec le temps, le virus est devenu plus mortel, mais toujours de façon différente d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre. Si cela se voit moins aujourd’hui, c’est parce quelque chose est intervenu qui a modifié la donne : la vaccination. Son premier effet a été de dissocier le nombre des nouveaux cas d’avec celui des décès. Il y a désormais beaucoup moins de décès dans les pays où la couverture vaccinale est avancée que dans ceux où elle ne l’est pas encore suffisamment. Avec beaucoup moins de nouveaux cas quotidiens, nous enregistrons un nombre de décès du même ordre quasiment que celui de la France, qui pourtant continue de rapporter plus de 20 000 nouveaux cas par jour. L’explication à cela est tout entière dans la couverture vaccinale, bien plus étendue en France qu’en Algérie. Notre retard à cet égard ne peut être rattrapé que lorsque nous serons en capacité de produire localement et en quantité suffisante les vaccins dont nous avons besoin. Ce qui ne peut être le cas qu’en septembre ou en octobre. Et encore, il faut qu’entre-temps, aucun variant ne soit apparu, à même de rendre inopérants les vaccins existants. Mais alors, il est vrai, c’est pour le monde dans son ensemble que tout ou presque sera à recommencer.