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vendredi 29 mars 2024

L’extrême danger qu’il y a à courir deux lièvres à la fois

En Ukraine, il ne fait guère de doute que les Etats-Unis, et à leur suite à peu près tout l’Otan, poursuivent depuis le début du conflit armé actuel deux objectifs, non pas un seul, comme ils tentent constamment de le faire accroire, et qui serait la fin des hostilités, le retour à la paix considéré comme la priorité des priorités. Le premier de ces objectifs est la défaite de la Russie ; le second, pour eux complémentaire du premier tout en lui étant opposé, est d’empêcher néanmoins l’éclatement d’une guerre directe avec la Russie. On peut le dire autrement, en se servant d’un langage déjà tenu par eux aussi bien que par nombre de leurs alliés, et en imitant pour l’occasion une façon de parler habituelle chez leur président, Joe Biden, qui dans le même temps compte sur ses doigts : Un – infliger une défaite stratégique à la Russie ; deux – rendre impossible l’éclatement d’une guerre nucléaire avec elle. Si celle-ci devait en effet se produire, ce serait parce que la partie en train de perdre la guerre dans sa forme actuelle n’aurait d’autre choix, pour éviter la destruction totale, que de recourir à son arsenal nucléaire, ce qui à son tour entraîne une riposte de même nature chez la partie en train de la gagner. Si bien qu’au final les deux camps sont perdants, et avec eux le reste du monde, bien qu’il soit resté pour sa part en dehors du conflit.

Les Américains et leurs alliés travaillent à la réalisation du premier objectif en armant l’Ukraine à tout-va, mais également en assistant son armée de multiples façons, par la formation et le renseignement notamment. Chaque fois que les Ukrainiens parviennent à toucher une cible à l’intérieur de la Russie, comme ce fut le cas récemment, à plusieurs centaines de kilomètres de profondeur, des experts américains, ou britanniques, sont à leur côté qui pour ainsi dire leur tiennent la main. Mais une fois le coup porté, ils n’ont rien de plus pressé à faire que de se réunir aux Russes, à chaque fois au niveau des services de renseignement, et à Ankara immanquablement, pour leur dire qu’ils n’encouragent pas les Ukrainiens dans ce genre d’attaques, qu’ils n’y sont pour rien cette fois-ci non plus, et cela, de crainte que les Russes n’en tirent la conclusion, que ça y est, que les Etats-Unis se décident finalement à leur déclarer la guerre. Sans cette rapide concertation après coup avec l’ennemi, celui-ci serait capable de commettre l’irréparable, c’est-à-dire de déclencher la réaction en chaîne fatale, au bout de laquelle se trouve l’inéluctable guerre nucléaire, la fin de tout, pas seulement celle des Etats-Unis et de la Russie, l’Armageddon. Jusqu’à quand les Américains s’imaginent-ils pouvoir se moquer ainsi des Russes ? Pas très longtemps, il faut le craindre. Les deux objectifs qu’ils s’appliquent ainsi à atteindre étant parfaitement contradictoires, il arrivera nécessairement un moment où ils devront s’en tenir à l’un et donc à abandonner l’autre, courir deux lièvres à la fois étant à la longue un exercice intenable. Il leur faudrait se contenter soit de l’un soit de l’autre. S’ils en viennent à estimer qu’une guerre nucléaire n’est de toute façon pas gagnable, alors tout ce qu’il leur restera à faire, c’est de travailler à la fin de la guerre, c’est-à-dire à accepter de négocier la paix sur la base des conditions russes. Si en revanche, ils se persuadent que tout serait préférable à cela, alors ils continueront sur leur lancée, à poursuivre deux buts contradictoires en même temps, jusqu’au moment où ils se retrouveront à deux doigts de la guerre nucléaire, avec de nouveau le choix de sauter dans l’abîme ou de s’en éloigner.

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