«En plus de la hausse inédite des températures, la diminution des précipitations ces vingt dernières années se situe à près de 30 %. Aujourd’hui, il est donc primordial pour notre pays d’adapter sa stratégie de gestion de l’eau à la donne climatique», a indiqué, hier, le Professeur Ahmed Kettab, expert et consultant international en gestion de l’eau.
Par Thinhinane Khouchi
La raréfaction de l’eau ainsi que la diminution des précipitations ces dernières années poussent à la réflexion et exigent une nouvelle stratégie pour assurer une alimentation en eau durable. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio nationale, le Professeur Ahmed Kettab, expert et consultant international en matière de gestion de l’eau, a indiqué qu’aujourd’hui, il est primordial pour notre pays d’adapter sa stratégie de gestion de l’eau à la donne climatique. Il a expliqué qu’«en plus de la hausse inédite des températures, la diminution des précipitations ces vingt dernières années se situe à près de 30 %». Selon l’expert et consultant international en matière de gestion de l’eau, citant les études du GIEC (Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques), il est prévu pour les années à venir des températures de plus en plus hautes, notamment dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ainsi qu’au sud de l’Europe, induisant une plus forte évaporation des eaux de surface. «Certaines villes de notre sud ont déjà connu des températures de 50 °C», a rappelé Ahmed Kettab. Selon l’invité de la Chaîne 3, «quelque 20 milliards de dollars ont déjà été dépensés par l’Algérie dans le secteur de l’eau ces vingt dernières années, notamment pour la construction de barrages, dont le nombre
s’élève aujourd’hui à 85 (…) Il est prévu, qu’à l’horizon 2025-2030, nous atteindrons 125 ou 130 barrages». «Ce que je peux soulever en premier, c’est que dans notre situation il faut privilégier des petits barrages de 100 000 à 150 000 m3, mais des barrages en terre pour une durée de vie de 5 à 6 ans, et tout proches des exploitations agricoles», dira l’expert international en matière de gestion de l’eau. En second point, Kettab a préconisé un traitement des eaux usées beaucoup plus conséquent. «Nous utilisons 1 à 2 milliards de m3, dont 80 % sont finalement rejetés en eaux usées. Celles-ci doivent absolument passer par des traitements, primaire, secondaire et même tertiaire, pour être réutilisées par l’agriculture, l’industrie et les loisirs», a-t-il dit. Autres axes évoqués, le développement d’une stratégie d’exploitation des eaux souterraines disponibles et l’élaboration d’une réglementation adaptée. Pour lui, ce n’est qu’après que vient le dessalement de l’eau de mer, «mais pas avec des stations de 300 000 et 500 000 m3. Nous devons aller vers des stations de 100 000 m3 bien maîtrisées». Des projets dans lesquels il faudra impliquer des entreprises nationales «qui soient en mesure de réaliser des stations de 10 000 à 20 000 m3 en moins d’un an». «Nous devons aussi fournir un plus grand effort pour la formation et la recherche et développer la coopération internationale», a expliqué l’intervenant sur les ondes de la Radio nationale.
T. K.