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mardi 19 mars 2024

«L’exemple de la force, la force de l’exemple» dixit Joe Biden

 

Quelqu’un qui pour se faire une idée sur la situation politique interne des Etats-Unis n’aurait que le discours sur l’état de l’Union, prononcé devant le Congrès mardi par Joe Biden, en conclurait que les Etats-Unis sont encore une démocratie jouissant de ses attributs essentiels, où les désaccords donnent certes de la voix, mais où un consensus de fond est à l’œuvre qui tient ensemble les membres d’un même corps. Au bout des deux années de son mandat a plaidé Biden, les Etats-Unis sont plus forts, plus prospères, et plus unis que jamais. Sous-entendu : dans les deux années qui viennent, ils le seront davantage. Ce n’est évidemment pas dans ce genre d’occasions qu’un président en exercice se laisse aller à dire qu’en dépit de ses efforts réitérés quelque chose dans le pays continue d’aller mal, qui pourrait aller plus mal encore si on n’y prenait garde. Un speech sur l’état de l’Union est fait justement pour magnifier celle-ci non pour la mettre en doute, ni même pour en donner une fidèle description. De fait, on ne croirait pas en écoutant Biden que les Etats-Unis soient ce pays en proie à une polarisation telle qu’il s’en est trouvé pour ne pas exclure qu’il finisse par plonger dans une nouvelle guerre civile.

C’est ainsi que s’il a été fait allusion à Donald Trump et au mouvement MAGA (Make Again America Great), ce n’est pas dans les termes dont généralement se servent leurs adversaires pour les fustiger. Il semble d’ailleurs qu’un accord soit intervenu entre le républicain Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants, et Joe Biden pour que certains qualificatifs désobligeants ne soient pas employés par ce dernier, comme extrémistes, anti-américains et autres du même acabit, qu’en d’autres circonstances Biden est prompt à décocher sur les trumpistes. Le fait est que dès lors qu’un président monte à la tribune du Congrès, il cesse d’être le représentant d’un camp pour se draper dans la toge du président de tous les Américains. En cela Biden n’a donc pas fait exception, sauf qu’il le fait pour la deuxième fois dans un contexte qui lui s’y prête de moins en moins. Il a vu l’unité partout, partout où un autre, lui-même peut-être s’il parlait d’un autre endroit, verrait la division, la discorde, et des nuages s’amoncelant à l’horizon. Reste que la question se pose de savoir s’il croyait vraiment à ce qu’il disait, au fait donc que sous lui l’Amérique se portait admirablement, qu’elle s’en sortait mieux que tout le monde par ces temps de guerre et de crises, ou s’il ne faisait montre d’autant d’optimisme que pour mieux préparer l’opinion à l’annonce de sa candidature. Quelqu’un de vieux et de déprimé, on comprendrait tout de suite qu’il n’a pas l’intention de se représenter, il n’aurait même pas à le dire. A l’inverse, quelqu’un qui malgré son âge meurt d’envie de se mesurer pour la deuxième fois avec le même adversaire coriace se doit de s’afficher au mieux de sa forme et de sa foi en l’avenir. Trump s’étant déjà déclaré, et même déjà lancé sa campagne, Biden n’a pas intérêt à trop tarder avant de se jeter à l’eau à son tour. L’idée prévaut d’ailleurs qu’il le fera bientôt, avant que ce mois de février ne soit passé. Au jour d’aujourd’hui, son problème n’est ni avec Trump ni avec les républicains, mais avec les démocrates, qui en général doutent qu’il soit capable de supporter les fatigues d’une campagne où selon toute apparence tout sera permis. Or il n’y a pas de leur point de vue que l’âge du capitaine qui puisse jouer à leur détriment, il y a aussi les frasques du fils du capitaine, un dossier que les républicains ne manqueront pas d’ouvrir largement le moment venu.

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