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vendredi 19 avril 2024

L’événement qu’on n’attendait plus

Mercredi dernier s’est produit un événement qu’on avait beaucoup attendu il y a quelques semaines, mais que ne voyant pas arriver, on ait fini par croire qu’il n’aurait pas lieu : un échange direct, sous une forme ou sous une autre, du président chinois Xi Jinping et de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Il devait se produire dès le retour de Xi Jinping en Chine après sa visite en Russie de trois jours entamée le 20 mars. Puis comme les jours passaient sans que cet entretien ait lieu, alors même que les Ukrainiens avaient exprimé leur intérêt pour les propositions chinoises pour le retour à la paix, l’idée même s’en était perdue. Sans que cela fût formalisé clairement, le sentiment général était que cette occasion manquée était principalement due à une question de convenance : qui des deux hommes devaient prendre l’initiative d’appeler eu égard aux circonstances. Côté occidental on pensait que c’était au président chinois de le faire, compte tenu d’une part du fait que c’était lui qui faisait des propositions de paix, et de l’autre qu’il venait de rendre une plutôt longue visite à la Russie, une des parties au conflit, et un pays qui ne se visite plus.

Plus significatif que la visite elle-même, le moment dans lequel elle intervenait. Il ne restait plus à Xi Jinping, au vu de tout cela, qu’à s’obliger si l’envie lui en manquait à appeler lui-même Volodymyr Zelensky, ne serait-ce que pour atténuer les mauvais effets qu’il avait pu produire en exprimant de façon aussi appuyée la proximité de son pays à celui de Vladimir Poutine. Mais, mercredi dernier, le communiqué chinois relatif à l’événement comportait deux informations d’égale valeur : à savoir que le coup de téléphone tant attendu
s’était finalement produit, et que c’était le président ukrainien, non pas donc le président chinois, qui avait appelé. Les Chinois ont insisté sur le deuxième point, à croire que c’est lui qui à leurs yeux comptait le plus. En réalité, l’événement en l’occurrence, c’est bien l’entretien téléphonique, et davantage peut-être, le moment dans lequel il se produit. Ce moment, c’est la veille d’une contre-offensive à laquelle l’Ukraine, avec l’implication manifeste de ses alliés occidentaux, se prépare depuis des mois. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg vient de nous apprendre que 98 % des armes et des capacités promises à l’Ukraine lui ont été livrées. Le mot de veille prend un sens plus précis après une telle exactitude dans le propos. Les 2 % restants d’armement non livré sert à défaut d’autre chose de mesure de temps qu’il reste avant le lancement de la contre-offensive. Si Stoltenberg avait dit que 100 % des livraisons avaient été accomplies, ç’aurait été comme s’il annonçait pour demain le début des opérations. C’est dans ce contexte qu’intervient l’appel téléphonique de Zelensky à Jinping. Il faut l’apprécier pour lui-même, certes, mais tout autant en fonction de ce contexte. Les Chinois n’ont rien dit sur le contenu des discussions entre les deux hommes, sinon qu’ils ont convenu de réchauffer les relations entre leurs deux pays, lesquelles depuis quelque temps n’étaient pas à leur beau fixe. Rien sur la médiation chinoise, rien sur les voies et moyens de rétablir la paix en Ukraine. Sans doute en a-t-il été question entre les deux interlocuteurs. On peut même être plus affirmatif et dire qu’il n’a été question que de cela. Si la contre-offensive ukrainienne s’en trouve ne serait-ce que retardée, si par exemple au lieu de commencer au printemps, elle est reportée à l’été, l’entretien y aura été pour quelque chose, mais selon une voie pour le moins difficile à retracer.

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