Les mauvaises relations entre la France et la Turquie ne datent pas du mandat d’Emmanuel Macron, même si les tensions se sont intensifiées avec le jeune président français, mais remontent déjà à plusieurs années. Cela peut être retracé au début des années 2000, lorsqu’une frange de la classe politique française s’était fortement opposée à l’entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne, comme cela était pourtant prévu depuis des décennies. Mais ces derniers mois la mésentente entre les deux présidents a atteint son paroxysme, surtout depuis le début de la guerre sourde qui oppose Ankara à Athènes sur des gisements de gaz en mer Méditerranée. Aujourd’hui, les présidents français, Emmanuel Macron, et turc, Recep Tayyip Erdogan, sont convenus, dans un échange épistolaire, de reprendre le dialogue afin de surmonter les vives tensions entre Ankara et Paris, a indiqué cette semaine le chef de la diplomatie turque. Cité par plusieurs journaux, le ministre turc Mevlüt Cavusoglu a déclaré qu’Erdogan avait pris l’initiative d’écrire le premier à Macron afin de lui souhaiter une bonne année et de lui présenter ses condoléances après plusieurs attentats ayant visé la France l’automne dernier. «Cette semaine, nous avons reçu la réponse de Macron (…) C’est une lettre très positive dans laquelle il dit vouloir s’entretenir avec notre président et qui d’ailleurs débute en turc par Cher Tayyip», a poursuivi Mevlüt Cavusoglu. Selon le ministre turc, les deux dirigeants devraient avoir prochainement un entretien téléphonique ou par visioconférence, avant une éventuelle rencontre physique. Ankara et Paris ont en outre décidé d’approfondir les échanges dans certains domaines comme la lutte antiterroriste ou encore la Syrie et la Libye, deux dossiers sur lesquels la Turquie et la France ont d’importantes divergences, d’après Mevlüt Cavusoglu. La Présidence française a confirmé l’échange, sans toutefois donner d’indications sur le contenu des lettres. «Il faut maintenant des gestes tangibles d’Ankara», a indiqué l’Élysée. Tendues depuis plusieurs années, les relations entre la Turquie et la France se sont brutalement dégradées ces derniers mois, Erdogan allant jusqu’à accuser Emmanuel Macron d’«islamophobie» et mettre en cause sa «santé mentale». Le mois dernier, le président turc a qualifié Emmanuel Macron de «problème pour la France», appelant le pays à «se débarrasser» de lui. Le revirement de Recep Tayyip Erdogan intervient alors que la Turquie tente d’apaiser ses relations avec l’Europe, en raison de difficultés économiques et avant la prise de fonction du président élu Joe Biden, qui risque d’être moins conciliant avec Ankara que Donald Trump. Reste à voir si toutefois cette main tendue par Ankara ne sera pas sabotée par le caractère impulsif et provocateur d’Erdogan qui lui fait bien souvent franchir des lignes rouges et qui a réussi,ces dernières années, à ruiner les relations de la Turquie avec de nombreux pays avec lesquels elle entretenait auparavant de bons rapports.