Profitant de la fin de la crise sanitaire et du début de la crise ukrainienne Emmanuel Macron se déclare candidat à sa propre réélection tout en laissant entendre qu’il ne sera pas un candidat comme un autre et que sa charge de travail et sa stature présidentielle seront incompatible avec une confrontation équitable avec ses adversaires dans la course à l’Élysée. Une façon surtout d’éviter de devoir publiquement répondre de son bilan. Dans une « Lettre aux Français » publiée jeudi soir dans l’ensemble des titres de la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron a officiellement annoncée sa candidature. S’adressant à ses compatriotes, le chef d’État les « sollicite pour un nouveau mandat de Président de la République. » Ses opposants à l’élection présidentielle ont rapidement répondu et ont une fois encore massivement critiqué ses cinq années à l’Élysée. À commencer par Valérie Pécresse qui quelques minutes après la publication de la missive du chef de l’État a considéré qu’« il est temps d’ouvrir les yeux. » Et de tancer (un quinquennat qui fut celui des illusions perdues » et un « pouvoir qui ne doit plus se croire au-dessus du peuple. » Pour la candidate LR, « Emmanuel Macron doit rendre des comptes. La prétendante RN Marine Le Pen n’a pas non plus hésité à égratigner son principal adversaire. « Il pouvait difficilement faire autrement, c’était la date limite pour annoncer sa candidature. C’est une demi-surprise. Je pense que le choix qu’il de le faire dans la PQR (Presse Quotidienne et Régionale), c’est qu’il entend rester en retrait de cette élection présidentielle, de cette campagne en tout cas », tance celle qui se présente pour la troisième fois. Selon l’ancienne patronne du parti à la flamme, « il aurait très bien pu le faire lors d’une réunion publique ou d’une émission de télévision. » Reprenant sa dernière opération de communication, la députée du Nord espère que « les cinq prochaines années se feront sans lui ». Quelques heures auparavant, son principal concurrent Éric Zemmour avait publié une vidéo, brocardant le bilan du président sortant. « Emmanuel Macron, vous avez accéléré le déclassement des Français. Vous laissez le pays dans un état jamais connu de son histoire. (…) Vous avez appauvri les Français, bradé notre industrie et méprisé nos travailleurs. » Pour le patron de Reconquête, le chef de l’État « n’a pas été à la hauteur de son rôle pour protéger les Français. » À gauche, du côté de LFI, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, a ironisé sur le fait « qu’on aurait pu s’attendre d’abord à une lettre d’excuses pour le bilan qui a été celui du président. » « La décision d’Emmanuel Macron n’est pas une surprise, j’espère qu’elle permettra de débattre projet contre projet, de confronter les différentes visions qui s’affrontent », a-t-il expliqué. « Cela fait des mois que le président Macron est au service du candidat Macron. Le candidat communiste, Fabien Roussel, n’a pas hésité à faire le parallèle entre le bilan du président sur le pouvoir d’achat et la déclaration de candidature de jeudi soir : « Au bout de 5 ans, Macron envoie une lettre aux Français. Mais les factures qui flambent, c’est tous les mois. Les salaires et les retraites qui stagnent, pareil. Tourner la page, permettre aux Français de renouer avec les jours heureux, c’est mon ambition. » Toutefois, une partie des français semblent avoir été séduit par la lettre de Macron au vu des sondages publiés au lendemain de l’annonce présidentielle et qui donne une forte poussée du locataire de l’Élysée qui est déjà en tête dans toutes les études d’opinions pour la présidentielle d’avril prochain. Reste à voir s’il gardera cette dynamique jusqu’au 10 avril, date du premier tour, et surtout si les sondages seront conformes aux votes des français.
Fouzia Mahmoudi