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jeudi 18 avril 2024

Les Russes ne s’en laissent pas conter

  1. Les Russes ont beaucoup apprécié le travail de Seymour Hersh sur le sabotage de leurs gazoducs Nord Stream en mer Baltique, survenu le 26 septembre 2022, quelque 10 mois après le début de la guerre en Ukraine, et cela aussi bien pour ses qualités journalistes que pour les conclusions auxquelles il a abouti et qui les confortaient dans leur propre opinion en la matière. Ils ont tout de suite adressé une invitation au célèbre journaliste pour qu’il vienne en parler publiquement à Moscou, ce qu’il n’a pas encore pu faire, à moins que ce ne soit là de sa part une façon polie de se dérober. Eux-mêmes pourtant n’avaient pas désigné en premier les Américains comme les auteurs de cet « acte du terrorisme international » comme ils ont tendance à l’appeler, on dirait pour mieux en souligner la gravité, mais les Britanniques, sans jamais spécifier d’ailleurs sur quelle base objective. En tout cas s’ils avaient des raisons de soupçonner les Britanniques plutôt que les Américains, ils semblaient ne faire des premiers que des exécutants, des hommes de main autant dire, le méfait lui-même n’ayant pu être pour eux conçu que par les Américains, qui ensuite pour des raisons de haute politique ont préféré le sous-traiter à leurs alliés les plus téméraires et les plus antirusses à l’ouest de l’Europe, car à l’est du continent il n’en manque pas de plus antirusses qu’eux. Cependant, bien avant la publication de l’enquête de Hersh, les Russes avaient changé sur ce point, s’étant mis à voir dans les Américains non plus seulement les commanditaires mais aussi les coupables directs, de même du reste qu’à les en accuser. Le fait qu’ils n’aient pu participer aux enquêtes, car il y en a eu plusieurs, aussitôt diligentées par les pays riverains du lieu du sabotage, cette qualification n’yant posé de problème à personne, a sans doute ajouté à leurs soupçons que c’était bien les Américains qui en étaient responsables. En fait, ils étaient tenus à l’écart non seulement de ces enquêtes, qui n’ont pas encore pris fin, ou dont à tout le moins les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques, mais des gazoducs endommagés eux-mêmes, qu’ils n’ont pas pu aller inspecter de près, de peur probablement que ce faisant ils trouvent la preuve matérielle de l’implication des Américains. Puis les journaux occidentaux quasi en même temps ont fait part de confidences faites par des responsables du renseignement américain suivant lesquelles les vrais coupables pourraient bien être un groupe de partisans ukrainiens ayant agi de leur propre initiative, sans en référer aucunement aux autorités ukrainiennes. Les Russes apparemment ne s’attendaient pas à une version des faits aussi ébouriffante, ce qui au moins en partie expliquerait qu’ils ne l’aient pas récusée immédiatement. L’hypothèse a été soulevée aussi que peut-être ils en avaient surtout retenu qu’elle les mettait hors de cause, et que cela n’était pas pour eux complètement dénué d’intérêt. Toujours est-il qu’ils se sont ressaisis depuis. Ces dernières vingt-quatre heures deux de leurs représentants de premier plan, leur chef de la diplomatie Serguei Lavrov, et le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, ont tenu à dire tout le mal qu’ils en pensaient. Si par l’entremise de cette version improbable, les Américains leur faisaient une offre quelconque, on connait maintenant leur réponse.

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