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vendredi 19 avril 2024

Les républicains, les démocrates et l’Ukraine

Depuis le début de la guerre en Ukraine, et jusqu’à ces derniers temps, en gros jusqu’à l’installation de la nouvelle Chambre des représentants, l’idée dominait que les choix de l’administration Biden relativement à cette guerre étaient soutenus par une majorité bipartisane, exception faite d’une minorité de républicains trumpiste et prorusse de longue date. Beaucoup en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, se rassuraient en se disant que l’aide tous azimuts à l’Ukraine se poursuivrait par conséquent, du moins pour l’essentiel, quand bien même les républicains remporteraient la majorité dans les deux chambres aux élections de novembre dernier. Les Ukrainiens eux aussi étaient de cet avis, lesquels plus que d’autres d’ailleurs avaient du mal à penser qu’on puisse être américain et ressentir de la sympathie pour les Russes. On aura compris que les Ukrainiens visés ici sont ceux qui tiennent l’Ukraine aujourd’hui, car il a toujours existé d’autres Ukrainiens eux qui voient dans les Russes les gens les plus proches d’eux, quand ils ne s’identifient pas à eux tout simplement. Aujourd’hui, ce mythe d’une Amérique unie derrière l’Ukraine victime d’une agression russe a brusquement cessé d’avoir cours. Il s’est révélé être un mensonge, un de plus ou un de moins, c’est comme on voudra.

On sait maintenant de façon certaine ce que précédemment l’on subodorait seulement, à savoir que les républicains d’aujourd’hui auraient une politique ukrainienne différente de celle menée par les démocrates sous la férule de Joe Biden. On ne saurait dire bien sûr ce qu’elle serait très exactement, parce que pour cela il faudrait les voir en responsabilité et dans l’action au jour le jour, pas seulement dans l’irresponsabilité pour ainsi dire, et dans l’opposition systématique. Leur ennemi principal, ce ne sont pas les Russes, mais bien les démocrates. Pour les démocrates aussi il y a pire que les Russes : les républicains, et en particulier ceux acquis à Trump. S’ils avaient à choisir entre deux défaites : celle de Kiev face à Moscou, et la leur face à Trump, à la présidentielle de 2024, nul doute que c’est la première qui leur paraîtrait la moins cruelle. En 2016 déjà, ils avaient attribué la victoire de Donald Trump à un complot réussi des Russes contre leur démocratie. Une défaite de Kiev, ce serait certes une défaite à eux, mais elle serait rattrapable. Ils pourraient toujours reprendre la guerre. Mais une défaite devant Trump en 2024, ce serait un désastre sans remède. Ils ne lui survivraient probablement pas. On voit aujourd’hui les républicains non seulement se remettre de leur échec de 2020, encore que ce ne soit pas sans peine, mais impatients d’en remontrer à leurs adversaires sur tout sujet que ceux-ci voudraient leur proposer. La difficulté qu’ils ont eu à élire l’un d’eux à la présidence de la Chambre montre certes qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde sur tout. Mais cela ne veut pas dire qu’ils laisseront les démocrates tirer avantage de leurs différends. Toute tentative démocrate en ce sens se solderait selon toute apparence par l’effet inverse, par plus d’unité dans leurs rangs. Tous les démocrates n’étaient pas d’accord avec la politique ukrainienne de l’administration actuelle. Une trentaine d’entre eux s’apprêtaient même à la critiquer publiquement quand il leur fut dit que c’était là faire le jeu des républicains à la veille d’élections importantes, un argument qui les a tout de suite fait renoncer à leur projet. L’adversaire est le plus puissant des facteurs d’unité, chez les uns comme chez les autres.

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