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jeudi 18 avril 2024

Les négociations de paix seraient-elles plus avancées qu’il n’y paraît ?

Vendredi dernier, à l’aube, ont révélé les Russes, deux hélicoptères ukrainiens, volant à baisse altitude pour échapper à la détection des radars, ont attaqué un dépôt de carburant situé à une trentaine de kilomètres de la frontière, aux abords de la ville de Belgorod. Voilà un fait de guerre dont les Ukrainiens, qui depuis le 24 février ont subi bombardement sur bombardement de la part des Russes, auraient toutes les raisons d’être fiers. D’autant que s’il a en quelque sorte légitimement provoqué l’incendie de la cible, il n’a donné lieu en revanche à aucune perte humaine, une réussite que les Russes n’ont pas toujours réalisée, il s’en faut. Il est déjà étonnant que ce soit les victimes du coup fumant, les Russes en l’occurrence, qui les premiers en aient fait part au monde. D’habitude, en pareil cas, c’est le camp auteur de la frappe ajustée qui s’empresse de la claironner et d’en promettre à l’ennemi d’autres de plus percutantes encore. On aurait pu s’attendre à ce que les Ukrainiens non seulement la revendiquent sur-le-champ mais avertissent les Russes que la prochaine sera portée encore plus avant dans leur territoire, pour autant qu’eux-mêmes continuent de les bombarder. Ce n’est pas du tout à cela qu’on a eu finalement droit.

Après avoir hésité un moment, les Ukrainiens ont nié catégoriquement que l’attaque de Belgorod soit de leur fait. Ce n’est pas parce qu’ils sont en guerre avec la Russie, ont-ils ajouté, qu’ils sont responsables de toutes les catastrophe qui s’y produisent. Auparavant il y a eu la déclaration du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, disant qu’un acte d’hostilité comme celui-là n’est pas ce qu’il y a de mieux pour faire avancer les négociations de paix. Ceci expliquerait-il cela ? Peut-être. Ne nous demandons même pas qui pourrait être derrière l’attaque si effectivement les Ukrainiens n’y étaient pour rien. Car il y a mieux à prendre en considération. En effet, si entre les belligérants les négociations en sont déjà au point où un pur acte de guerre est nié par celui qui des deux a le plus intérêt à se l’attribuer, c’est qu’elles sont déjà bien avancées, contrairement à ce qu’on aurait pu croire sur la foi des informations disponibles. Les Ukrainiens s’en sont lavés les mains comme d’un acte honteux, comme si au lieu d’atteindre leur cible, leurs hélicoptères avaient tiré sur des civils, provoquant un massacre. Or c’est tout le contraire qui s’est produit. Par sa modestie, leur réaction est toute différente de celle de leurs alliés occidentaux, qui eux, en plus de s’en féliciter, se sont empressés d’y voir la preuve que les forces ukrainiennes sont bel et bien passées à la contre-offensive, à la vraie, cette action étant la première à avoir été menée à l’intérieur du territoire russe. Ce n’est pas là la seule explication possible du démenti ukrainien. Il y en a au moins une autre : la crainte que les Russes répondent à leur audace en s’en prenant à des cibles que jusque-là ils ont épargnées, dans Kiev en particulier. En se distanciant de l’attaque au lieu de la revendiquer, ils ont obtenu tout à la fois d’être considérés comme ses véritables auteurs, personne n’imaginant que les Russes aient pu s’en prendre à eux-mêmes, et de ne pas avoir provoqué la colère des Russes.

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