La distanciation physique et le port du masque de protection ne sont plus aussi respectés qu’aux premiers temps de l’apparition de l’épidémie de coronavirus. En ville ou dans les petites bourgades et villages, un relâchement quasi général est constaté. Dans les rues principales, aux marchés, dans les places publiques, le risque de contamination
au Covid-19 est tout bonnement ignoré.
Par Aomar Fekrache
Les dernières décisions ayant permis d’alléger les mesures de lutte contre le virus et les bilans de contamination quotidiens plutôt rassurants semblent mettre les citoyens en confiance. Pourtant, le Covid-19 n’est pas encore vaincu, il peut resurgir et faire des dégâts à tout moment. Il n’empêche que voir des jeunes gens se faire la bise ou se toucher la main ne choque plus personne, des clients se permettent parfois d’accéder dans des commerces sans porter de bavettes, un coiffeur qui rase la barbe de son client sans porter de masque sont,s entre autres, des scènes renseignant sur un laisser-aller flagrant. Sur les terrasses des cafés en plein centre de la capitale, on ne juge plus utile de se conformer aux moindres règles d’hygiène. Au Centre-ville, la distance entre les tables, d’au moins 1,5 mètre, n’est pas forcément respectée, le service se fait le plus normalement du monde, et les brigades de contrôle, craintes pour leur fermeté au début de la crise sanitaire, n’interviennent plus pour verbaliser les contrevenants. C’est dire que le relâchement est à tous les niveaux.
Pas de risque après 18 heures !
Plusieurs commerçants interrogés ont affirmé ne pas craindre les sanctions à partir de 18 heures. Les agents de contrôle ne sont plus de service, estiment-ils. Même dans les cités, les quelques personnes portant la bavette ne lui trouvent pas
d’utilité à la nuit tombée. «Nous sommes là entre voisins, ça ne sert à rien de s’encombrer avec un masque…», nous dira un jeune citoyen d’un quartier du centre de la capitale. Mieux, à cette heure-ci, l’on ne craint pas d’être rappelé à l’ordre. D’ailleurs, partout, des groupuscules de jeunes et d’adultes se forment, souvent trop rapprochés les uns des autres et sans bavettes. D’autres s’adonnent au plaisir des jeux de cartes ou une partie de dominos, avant de rentrer à la maison. De nombreux spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d’alarme quant à ce relâchement et mettent en garde contre ses conséquences à
l’avenir. «C’est inconcevable que des patrons et propriétaires de certains commerces se plaignent d’une longue fermeture, mais aussitôt autorisés, ils ne daignent pas respecter les normes sanitaires», souligne, à juste titre, un citoyen, se disant «offusqué par l’impunité ambiante face au comportement de certaines personnes».
Après la réouverture… le laisser-aller
Fermés pendant plusieurs mois et rouverts récemment à la faveur de l’amélioration de la situation sanitaire, des cafés et des restaurants se distinguent par un relâchement pour le moins incompréhensible. Dans des fast-foods et des cafés populaires, parfois mal aérés et bondés, les propriétaires ne prennent pas la peine de mettre en garde certains clients qui se comportent comme si le virus n’existait pas. Mais le plus grave demeure le cas des transports publics où toutes les mesures préventives sont «violées». Des bus privés, parfois même ceux de l’Etusa, font le plein comme «au bon vieux temps». Même constat pour les taxis dont certains chauffeurs ne portent pas de masque et n’exigent de leurs clients de le mettre convenablement qu’à la vue d’un policier ou d’un barrage sécuritaire. Ainsi, si le relâchement est perceptible auprès des citoyens, force aussi est de signaler un essoufflement de la campagne de sensibilisation contre les dangers du virus. L’Algérie qui a pu jusque-là éviter une deuxième vague et su gérer la crise sanitaire aux moments les plus critiques de l’épidémie, encourt à ce rythme de se voir rattrapée par le Covid. «Je n’ai jamais raté une marche du Hirak. Mais le ‘’je m’en foutisme’’ auquel j’ai assisté à la dernière marche de lundi, m’a fait regretter d’y avoir participé», nous dira un homme, la quarantaine, déçu par une bonne partie des marcheurs faisaient fi des consignes sanitaires.
Si les citoyens relâchent leur vigilance, le virus, lui par contre, ne relâche pas sa nocivité…
Sévir en appliquant la loi
Face à ce relâchement, des voix commencent à s’élever pour demander l’application stricte des sanctions prévues par la loi contre les personnes ne daignant pas respecter les mesures préventives contre la propagation de l’épidémie. «Les gens vivent cette crise sanitaire mondiale comme des spectateurs. On voit les ravages en vies humaines qu’elle fait à travers le monde.
Mais comme on est épargnés, on se croit immunisés. Ce qui est complètement faux», nous dira, inquiet, un retraité. Au tout début de l’épidémie, des PV de 10 000 DA étaient infligés aux personnes ne portant pas de bavette sur la place publique et les fermetures de magasin étaient systématiques à la moindre contravention.
Faut-il y revenir pour voir les gens à nouveau prendre conscience de la menace que présente le Covid-19 ? Pour les plus optimistes, on est déjà à la fin de la crise et une fois le vaccin généralisé on atteindra l’autre bout du tunnel. Mais d’ici là, des personnes fragiles, malades et âgées, pourraient perdre la vie à cause du comportement égoïste d’individus qui devraient appliquer du gel et mettre correctement leurs masques pour se protéger et protéger leurs familles et proches.
A. F.