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jeudi 28 mars 2024

Les marchés financiers appellent Rishi Sunak au pouvoir

Qu’un membre de la minorité indienne devienne Premier ministre du Royaume-Uni, c’est là sûrement un signe de vigueur de la démocratie libérale dans ce pays, qui montre que sur ce plan du moins il est en avance sur ses voisins européens. En Occident, il n’y a eu qu’un seul pays pour l’avoir précédé dans cette voie : les Etats-Unis, qui par deux fois se sont donné pour président un membre de la communauté afro-américaine, un certain Barack Obama. On n’imagine pas qu’une chose pareille puisse se produire ailleurs en Occident, dans l’un ou l’autre des pays n’arrêtant pas de se qualifier de grande démocratie, comme l’Allemagne, la France, ou l’Italie, pour ne citer que les plus importants. Pour bien mesurer le pas que la Grande-Bretagne vient d’accomplir avec l’arrivée de Rishi Sunak à la tête de son gouvernement, il faudrait voir à quoi cela correspondrait ailleurs, en France par exemple. Ce qui équivaut à un Indien en Grande-Bretagne, en France ce serait un Algérien. Or un Français d’origine algérienne qui aurait des chances de devenir président de la République française, c’est quelque chose qui n’est même pas encore concevable.

On peut en dire autant des autres pays européens, chacun pour leur minorité propre. Une fois cela dit, force est de relever que Rishi Sunak n’a pas été désigné, même pas élu d’ailleurs, par les électeurs britanniques, mais par les députés de la majorité conservatrice dont il fait partie. Qui plus, ses rivaux, dont Boris Johnson, ayant retiré leur candidature, il n’a même pas eu à se présenter devant les électeurs de son parti, à la différence de Liz Truss, qui elle avait dû passer ce test. Il aurait été obligé de solliciter les suffrages du commun des conservateurs, il aurait probablement connu le même échec une deuxième fois, a fortiori si son rival avait été Boris Johnson, bien plus populaire dans le parti que lui, qui d’ailleurs semble ne pas l’être du tout. Le système politique britannique autant
qu’une conjonction économique particulière ont balayé devant Rishi Sunak ces mêmes obstacles contre lesquels il avait buté sept à huit semaines plus tôt. Les conservateurs lui avaient préféré Liz Truss, qui serait renversée par les marchés financiers au bout de ce temps record. Rishi Sunak est certes le premier représentant de la communauté indienne à accéder à la fonction de Premier ministre, mais il est surtout le préféré des marchés financiers, qui lui ont donné le pouvoir après avoir fait place nette de Truss, qui avait ignoré leur principal besoin du moment : le retour à la stabilité. Ce que les conservateurs ont fait, les marchés se sont empressés de le défaire avant que le désordre financier et monétaire ne devienne irrémédiable. Mais de ce que Sunak leur semblent le plus à même de remettre de l’ordre à leur niveau, il ne s’ensuit pas qu’il le puisse à coup sûr. S’il échoue, malgré ses bonnes intentions à leur endroit, il sera renversé lui aussi. De là le soupçon que le retrait de ses rivaux tient non pas tant à quelque vertu démocratique qui se serait imposée à eux qu’à la quasi certitude où ils sauraient que la tâche à mener est plus que difficile, dangereuse, éminemment déstabilisatrice, casse-cou. Si Truss a été forcée à la démission aussi vite, c’est que le mal est plus profond qu’il n’y paraît, eût-elle été elle-même un modèle de circonspection. Dans le doute s’abstenir, retirer sa candidature, ou plutôt laisser passer, s’effacer devant ses rivaux.

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