Quelque 8 500 hectares de forêts ont été détruits cette année, dont 1 500 hectares à Khenchela, contre 2 600, soit trois fois moins, à la même période de l’année dernière.
Par Louisa Ait Ramdane.
Le chiffre a été donné hier par le ministre de l’Agriculture, Abdelhamid Hemdani, qui cite le dernier rapport établi par l’Agence spatiale algérienne. «Nous n’en sommes qu’au début de la campagne. À la même période de l’année dernière, nous étions à 2 600 hectares. C’est inédit. On assiste à un phénomène criminel grave», a déploré le ministre, lors de son passage sur les ondes de la Radio Chaîne 3.
Pour lui, «il est inadmissible que dans l’Algérie indépendante, l’Algérie que nous voulons construire, les forêts des Aurès, ô combien symboliques, soient incendiées de façon criminelle, la veille de l’anniversaire de l’indépendance du pays». Invité de rédaction de la Chaine 3, le ministre en a appelé à la conscience et à la responsabilité collective pour protéger le patrimoine forestier : «Il faut un éveil collectif et une action citoyenne pour lutter ensemble». Ajoutant : «Lutter efficacement contre les incendies de forêt, c’est d’abord lutter par anticipation».
«Le récit du complot devrait être évité»
Le ministre a rappelé que l’enquête se poursuit, affirmant qu’il s’agit d’un «acte criminel» confirmé par des preuves, et que les images satellites ont montré que la plupart de ces incendies ont éclaté en bordure des forêts. «Dans le rapport établi par l’Agence spatiale algérienne qui comprend des images satellitaires, on constate que tous les feux sont partis des bordures des forêts, ce qui est inadmissible», a relevé le ministre.Il a déclare, cependant, que le récit du complot qui visait à frapper la production nationale et à encourager les importations d’un pays européen, devrait être évité pour expliquer les incendies dévorant de vastes étendues de pommiers dans la wilaya de Khenchela. «Il ne faut pas se laisser entraîner par ces interprétations qui soulèvent l’hypothèse d’un complot», a-t-il indiqué.
Soulignant que des mesures seront prises, et seront accompagnées d’une stratégie de proximité, de sensibilisation, de veille sur le terrain et de communication permanente, le ministre a annoncé son plan d’attaque. «La meilleure stratégie pour lutter contre les incendies, c’est la proximité». «Il faut être présent sur le terrain», a-t-il affirmé. La société civile avec toutes ses représentations, à savoir les associations de protection de l’environnement, de chasseurs, ceux qui vivent des ressources forestières et les riverains, doivent être impliqués pleinement dans la lutte et la veille contre les incendies de forêt, a-t-il soutenu. Dans ce contexte, le ministre a annoncé qu’une grande rencontre se tiendra aujourd’hui, avec la participation des organes de sécurité, des conservateurs des forêts, les syndicats et les représentants de la société civile. La stratégie de lutte contre les feux de forêt, élaborée par le ministère de l’Agriculture, est déjà lancée et elle sera davantage visible sur le terrain dès la semaine prochaine, a encore précisé Hamid Hemdani.
Des indemnisations en nature pour les agriculteurs non assurés
Le ministre l’avait déjà annoncé, les victimes du sinistre seront indemnisées. Les agriculteurs qui ont contracté une police d’assurance, percevront des compensations par ce biais. Mais la grande majorité des agriculteurs, représentant plus de
95 %, seront compensés en nature, sur fonds propres du ministère de l’Agriculture.
Qu’il s’agisse de l’arboriculture, du cheptel ou de l’irrigation, le recensement des dégâts est en cours, a indiqué le ministre qui a estimé qu’«heureusement, pour le moment, les dégâts sur le plan agricole, ne sont pas très importants. Quelque 8 000 arbres, dont 95 % de pommiers à Bouhmama, une région connue pour sa production de pomme, une trentaine de ruches…etc.».
Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture a annoncé que son département travaille sur «une nouvelle loi forestière qui sera présentée dans les mois à venir».
L. A. R.