Après une prolongation de cinq jours, les candidats aux législatives du 12 juin prochain auront à déposer leurs dossiers aujourd’hui avant minuit. Initialement prévu le 22 avril dernier, le délai a été prorogé à la demande de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Le président de cette instance, Mohamed Charfi, a indiqué avoir formulé une demande au président de la République pour la prorogation du délai de dépôt des dossiers, et ce dernier a répondu favorablement à cette requête.
Par Aomar Fekrache
Cette prolongation, a-t-il expliqué, est «en phase avec l’objectif de ce scrutin visant à renouveler la classe politique et les institutions de l’Etat en respectant le libre choix du peuple». Mais cette période supplémentaire aura-t-elle servi les candidats à la chambre basse du Parlement ? On croit savoir que de nombreux partis et indépendants n’ayant pu atteindre le compte, ont pu glaner quelques signatures de plus. Si la collecte des signatures était l’occasion pour certains candidats de montrer leurs muscles, bien d’autres ont tout bonnement calé à cette phase. Outre le contact direct, des prétendants au poste de député se sont rabattus sur les réseaux sociaux pour tenter de se faire connaître, convaincre et ainsi ramasser des signatures notamment auprès des jeunes. En attendant les chiffres officiels sur le nombre de listes déposées, l’on peut d’ores et déjà affirmer que le nombre d’indépendants est de loin supérieur à celui des partis politiques. Selon les derniers chiffres de l’Anie, au moins 1 813 listes de 53 partis politiques agréés et 3 075 listes d’indépendants ont été enregistrées. Elle a aussi fait état du dépôt de 15 listes de 9 partis politiques par la communauté nationale à l’étranger. La présence en force des indépendants augure d’un changement radical de la carte politique à la prochaine Assemblée. Il est à préciser, par ailleurs, que l’examen des dossiers se fait dans les 12 jours, au plus tard, suivant la date de leur dépôt, ainsi la date butoir est fixée au 9 mai 2021. Conformément aux conditions à remplir par les partis, les listes des candidats doivent être appuyées par au moins 25 000 signatures individuelles. Ces signatures doivent être recueillies à travers au moins 23 wilayas, dont le nombre de signatures exigées pour chacune des wilayas ne saurait être inférieur à 300. Pour les listes indépendantes, chaque liste doit être appuyée, pour chaque siège à pourvoir, par au moins 100 signatures. Pour les circonscriptions électorales à l’étranger, chaque liste doit être appuyée d’au moins 200 signatures.
Listes ouvertes pour barrer la route à l’argent sale
Les prochaines législatives seront marquées par un changement radical de l’opération électorale avec l’adoption du mode de scrutin de liste ouverte à la représentation proportionnelle qui est à même de consacrer le choix de l’électeur et de barrer la route à l’argent sale. L’article 191 de la loi organique relative au régime électoral dispose que «l’Assemblée populaire nationale est élue pour un mandat de 5 ans au scrutin de liste ouverte à la représentation proportionnelle avec vote préférentiel, sans panachage…». Le mode de scrutin proportionnel, en vigueur dans de nombreux pays, permet à
l’électeur de voter pour une liste de candidats mais aussi pour un ou plusieurs candidats de cette liste. Ce mode de scrutin donne lieu à une répartition des sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste, avec application de la règle du plus fort reste. Chaque liste obtient autant de sièges qu’elle a recueilli de fois le quotient électoral.
A. F.