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jeudi 1 juin 2023

Les faits rien que les faits

S’il ne s’agissait que de se demander quel pourrait être le résultat du référendum sur la nouvelle Constitution tunisienne, devant se tenir demain 25 juillet, par ailleurs premier anniversaire du coup de force de Kaïs Saïed, la réponse viendrait pour ainsi dire d’elle-même : le oui l’emporterait sans doute et largement. On le sait parce que le bord ayant pris l’initiative d’appeler les Tunisiens à se prononcer sur la nouvelle loi fondamentale n’a pas fait dans la précipitation. Il s’est écoulé très exactement une année entre le moment où il a suspendu l’ancienne Constitution et celui du vote sur celle qui est destinée à la remplacer. Une année est un temps suffisant pour tout le monde, aussi bien pour ceux qui se reconnaissent dans le nouveau régime que pour ceux qui militent pour le rétablissement du précédent. On peut en effet tout reprocher à Saïed mais pas d’avoir cherché à prendre de court les opposants à ses réformes, en imprimant aux événements un rythme trop rapide pour que ces derniers puissent être à même d’organiser la riposte. En prenant tout son temps, il leur a laissé par la même occasion tout le temps dont ils pourraient avoir besoin pour mobiliser massivement contre son projet, pour autant bien sûr qu’ils aient une base populaire à mettre en marche.

Il se trouve qu’à aucun moment au cours de cette année d’observation ils n’ont réussi à faire descendre dans la rue la foule imposante, évocatrice du peuple dans son ensemble. C’est même l’effet contraire qu’ils ont obtenu à la longue, c’est-à-dire la démonstration non pas de leur force mais de leur faiblesse, en tout cas de leur isolement dans la société. Pour le vote de demain, trois possibilités se présentent : une participation massive, impressionnante, indéniable ; ou bien tout le contraire, une participation plus que faible, dérisoire ; ou alors une participation moyenne, mitigée, n’autorisant aucun avis péremptoire, ni d’un côté ni de l’autre. Les opposants à Saïed font semblant d’être certains que c’est le deuxième scénario qui prévaudra. En réalité, ils n’en savent rien. Ils n’excluent pas le pire de leur point de vue, c’est-à-dire une participation massive, accoucheuse d’un plébiscite forcément, et pour la nouvelle Constitution et pour le président. Seul un boycott, à ce point massif qu’il saute aux yeux, leur conviendra. Une participation importante, sans que ce soit assimilable à un raz-de-marée, ce sera pour eux en revanche la fin de tout. Ennahdha sait bien que dans ce cas elle sera dissoute à coup sûr, une menace qui plane sur elle depuis maintenant une année exactement. Aucune de ces trois possibilités, on l’aura peut-être remarqué ne tient compte du résultat officiel, quel qu’il soit finalement, qu’il soit vrai ou faux. Il n’est question ici que de ce qui est observable à l’œil nu, et qui de ce fait s’imposera à tous. S’il y a raz-de-marée, si les bureaux de vote sont pris d’assaut, il ne s’en trouvera personne de sensé pour le nier. Idem si c’est le contraire qui se produit, c’est-à-dire un boycott massif. Si au bout du compte, on n’assiste ni à l’un ni à l’autre, le oui sans doute l’emportera, mais cela n’empêchera pas les opposants de crier à la fraude immense, éhontée, révoltante. La crise se poursuivra au lieu de trouver ce 25 juillet son épilogue.

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