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vendredi 29 mars 2024

Les Etats-Unis ont échappé au pire:

Comme il est clair que les Etats-Unis d’avant le 6 janvier ne seront pas les mêmes que ceux d’après cette date fatidique, la question que tout le monde se pose est de savoir ce que fera dès son installation la nouvelle administration pour que le scandale de l’envahissement du Capitole soit expié, seul moyen en effet d’empêcher qu’il ne se reproduise. Expier une faute, ce n’est pas seulement punir son ou ses coupables, c’est, pour un Etat surtout, se purifier de la souillure qu’elle représente. Jadis, lorsqu’une révolte est écrasée, on exécutait les révoltés certes, mais dans le même temps on sacrifiait sur le parvis des temples pour apaiser les puissances supérieures. Après le choc et la sidération, devrait venir le temps de la réflexion et de l’examen de conscience. Comment les Etats-Unis, prétendument la première démocratie au monde, la plus solide et la plus apaisée, celle qui en tout cas se donne au monde entier comme l’exemple à suivre, en sont arrivés à voir ce qui pour eux est le temple le plus sacré, le Capitole, pris d’assaut par une foule braillarde et débraillée, dont on sait maintenant qu’en réalité elle était prête à toutes les violences ? Le pire se serait sans doute produit si les émeutiers s’étaient trouvés en contact avec les membres du Congrès. Si ceux-ci n’avaient pas été évacués et mis à l’abri dans quelque bastion à l’épreuve d’une frappe nucléaire.

On découvre peu à peu que tous les envahisseurs n’avaient pas franchi les barrières et les murs comme poussés par une force ou une volonté extérieure à eux, entraînés par leur propre flot, la foule en action étant toujours plus que l’addition de ceux qui la constituent. Ils auraient trouvé Nancy Pelosi, par exemple, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, qui, on s’en souvient, avait attendu que Donald Trump prononce son dernier speech sur l’état de la nation pour déchirer dans un geste théâtral le texte de son discours, celle-ci n’aurait probablement pas survécu au choc. Mike Pence, le vice-président, qui en tant que tel présidait la séance du Congrès, lui aussi eût été en grand danger si la foule avait pu le croiser. Le tout-venant des congressistes aurait passé un mauvais quart d’heure, quel que soit son camp, sauf ceux d’entre eux qui avaient averti suffisamment à l’avance qu’ils s’opposeraient à la certification de la victoire de Joe Biden. On sait maintenant qu’ils étaient à peu près tous destinés à être ligotés et pris en otages. Mike Pence, parce qu’accusé de trahison, était condamné à la pendaison. Tout semble s’être passé comme si les forces de sécurité, ayant à choisir sur le vif entre défendre les lieux ou leurs occupants, avaient décidé de sauver ces derniers. Elles auraient seulement hésité à se décider, l’inconcevable se serait sans doute produit. Ce qui semble avoir été chez elles une débandade témoigne en réalité du grand sang-froid qui fut le leur devant un danger mortel les prenant par surprise. Grâce à elles les Etats-Unis ont échappé au pire, mais c’est pour se trouver en butte à l’idée intolérable qu’il s’en était fallu de peu qu’il n’advienne. Jusqu’au 6 janvier, ce pays se battait contre une pandémie plus dure avec lui qu’elle ne l’était avec le reste du monde. Depuis le 6 janvier, c’est à des affres intimes qu’il doit résister par-dessus le marché.

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