Aux Etats-Unis où l’on vote pour ainsi dire tout le temps, soit pour pourvoir à des mandats locaux électifs soit pour départager dans des primaires des candidats d’un même camp dans la perspective d’élections nationales, les sondages ne revêtent pas la même importance qu’en Europe par exemple, où les élections ne reviennent qu’au bout de plusieurs années de silence. 2022 étant l’année des élections de mi-mandat, prévues pour le 8 novembre prochain, avec pour enjeux les 435 sièges de la Chambre des représentants et le renouvellement de 35 fauteuils du Sénat, une attention particulière est portée aux primaires républicaines, non pas tant d’ailleurs pour elles-mêmes que comme moyen de mesurer l’influence que conserve Donald Trump dans son camp. Selon que cette influence est grande ou petite, on pourra savoir s’il va ou non se représenter à la prochaine élection présidentielle. On pourra même estimer sur cette base ses chances de remporter celle-ci. Les démocrates s’intéressent tout particulièrement à celles de ces primaires qui voient s’affronter d’une part le candidat ayant reçu la bénédiction de Trump, et de l’autre le candidat non soutenu par lui.
Il se trouve que le 17 de ce mois une primaire pour le Sénat s’est tenue justement avec cette configuration dont les résultats se font encore attendre, le candidat appuyé par Trump devançant son rival mais de trop peu pour être aussitôt déclaré vainqueur. Ailleurs, au Nebraska, c’est le candidat soutenu par Trump qui a été vaincu à la primaire organisée le 10 mai pour la candidature au poste de gouverneur. Le même jour mais en Virginie-Occidentale, c’est au contraire le candidat franchement trumpiste qui l’a emporté. Les démocrates en revanche n’accordent que peu d’importance aux primaires de leurs rivaux où l’ombre de Trump n’est pas présente. Or là où Trump ne fait pas campagne, ce peut être justement parce que tous les candidats se réclament de lui, non pas parce qu’ils s’opposent tous à lui. Que les élections de mi-mandat soient dans plusieurs mois n’empêche pas les démocrates de s’intéresser aux primaires républicaines comme si «Election Day» était pour demain. Il est évident que les républicains ne portent pas le même intérêt à leurs élections internes. Cela seul devrait déjà les inquiéter. Comment en effet se fait-il qu’eux-mêmes aient les yeux braqués sur ce qui se passe chez les républicains alors que ces derniers se montrent indifférents à leurs débats internes ? La réalité est que les démocrates ne peuvent pas se permettre de perdre les élections de mi-mandat. Déjà une défaite à la présidentielle de 2020, c’est-à-dire un deuxième mandat pour Trump, aurait été pour eux une catastrophe probablement définitive. Deux années plus tard, alors que c’est l’un des leurs qui est président et qu’ils sont majoritaires au Congrès, mais il est vrai pas de beaucoup, ils se retrouvent devant le même impératif : remporter la prochaine échéance élection ou courir le risque de disparaître politiquement. Ils étaient dans une guère de survie en 2020, ils le sont encore aujourd’hui. Il se peut même qu’ils soient aujourd’hui plus en danger qu’ils ne l’étaient il y a deux ans.