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vendredi 29 mars 2024

Les bons et les moins bons aspects du moment présent en Libye

La formation sous l’égide de l’ONU d’un nouvel exécutif intérimaire libyen a été bien accueillie tant par les deux camps libyens que par les pays de la région les plus impliqués dans la crise libyenne, la Turquie et l’Egypte. Ne parlons pas des autres pays voisins de la Libye, car si des difficultés devaient surgir dans la suite des événements, sûrement elles ne seraient pas de leur fait. C’est ainsi que le Premier ministre élu à Genève le 5 février dernier par le Forum du dialogue politique libyen, Abdel Hamid Dbeibah, a été reçu au plus haut niveau au Caire comme à Ankara, ce qui augure bien de la suite. Il devrait annoncer bientôt la composition de son équipe. Sur quoi celle-ci irait prendre ses quartiers à Syrte, la ville choisie lors de la conférence de Berlin pour être la capitale de transition. Même destination pour le conseil présidentiel, présidé par Mohamad Younes el-Menfi et composé de trois membres représentant les trois régions libyennes, la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. Par Syrte passe la ligne de front séparant les forces des deux camps libyens. La paix y règne depuis octobre de l’année dernière, date de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu décrété séparément, mais à quelques heures seulement d’intervalle, à Tripoli puis à Tobrouk.

Tout cela laisse penser que l’ONU est en train de réussir son pari de réunifier la Libye, et cela pas plus tard qu’au lendemain des élections générales prévues pour la fin de cette année, le 24 décembre pour être tout à fait précis. Le hic, c’est que ce sont ces mêmes aspects positifs qui viennent d’être relevés qui sont susceptibles d’une interprétation portant à moins d’optimisme. On aurait aimé en effet que le bon accueil que les deux camps libyens ont réservé au nouvel exécutif unitaire soit accompagné de l’annonce de la dissolution de leurs deux gouvernements. Une annonce de ce genre, il est vrai, était plus attendue de la part de Tripoli que de Tobrouk, où théoriquement n’existe aucun exécutif, de reconnu par la communauté internationale s’entend. A Tripoli en effet se trouvent en revanche et un gouvernement et un conseil présidentiel, tous deux issus de l’accord de Skhirat qui désormais a vécu, du moins dans le principe. On était en droit d’attendre de Fayaz el-Serraj qu’il annonce non pas tant d’ailleurs sa démission que la fin dans les règles de la mission qui lui a été confiée par la communauté internationale, la Libye s’étant dotée tout à la fois d’un nouveau conseil présidentiel et d’un nouvel exécutif. Peut-être malgré tout finirait-il par se résoudre à ce geste pour le moins clarificateur. Toujours que cela n’est pas encore fait, plus de deux semaines après la naissance d’un nouvel exécutif de transition. L’autre signe appelant à la prudence concerne moins les factions libyennes que leurs alliés extérieurs. L’une des conditions fermes posées par l’ONU, conformément d’ailleurs à la feuille de route tracée par la conférence de Berlin, est le départ des forces étrangères présentes en Libye, dans leurs deux espèces de régulières et de mercenaires. Ces forces sont rien moins que négligeables, puisqu’on les estime à quelque 20 000 soldats. En gros, les régulières sont turques, et les mercenaires sont russes. Les représentants de l’ONU les confondent dans le même rejet, dans le même ultimatum, qui ne souffre plus de délai. En effet, elles devraient déjà avoir quitté la Libye au jour d’aujourd’hui, les trois mois qui leur ont été laissés pour ce faire au moment de l’établissement du cessez-le-feu en octobre de l’année dernière étant largement dépassés.

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