C’est officiel, tous les agriculteurs peuvent depuis hier commercialiser leurs produits directement au consommateur, au niveau des marchés de gros et de détail à travers tout le territoire national, et ce, dans le cadre de la lutte contre toute forme de spéculation.
Par Thinhinene Khouchi
Le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a appelé, dans un communiqué, tous les agriculteurs à la commercialisation de leurs produits directement au consommateur, au niveau des marchés de gros et de détail à travers tout le territoire national, à partir de dimanche (hier) et ce, dans le cadre de la lutte contre toute forme de spéculation. «Dans le cadre des efforts consentis par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations pour la règlementation et la régulation des marchés, notamment la poursuite des opérations de lutte contre toute forme de spéculation, le ministère annonce que les agriculteurs sont habilités à commercialiser, sans autorisation préalable et sans le recours à un mandataire, leurs différents produits directement au consommateur, au niveau des marchés de gros et de détail à travers tout le territoire national et ce, à partir de dimanche 5 septembre 2021», précise la même source. Il est à noter que la vente directe au consommateur présente le double avantage d’un meilleur contrôle de la valeur ajoutée et d’une plus grande proximité avec les clients. A Ain Benian, des petits agriculteurs qui ont l’habitude de vendre leurs produits directement aux clients en les exposant et les commercialisant devant leurs champs, évoquent l’impact positif de la vente directe sur leur activité. «Cette décision va permettre au consommateur de manger des produits frais et pas chers», nous dira Mustapha, un agriculteur qui vend ses tomates fraîches à côté de son champ à Ain Benian. «On est en contact direct avec le consommateur. Cela nous permet de comprendre ce qu’il attend et d’avoir ses appréciations sur le produit, ce qui nous motive à travailler et améliorer notre production», a-t-il ajouté. La vente directe des denrées agricoles permet, en effet, de mieux mettre en valeur les produits proposés. En ce qui concerne le prix, la vente directe au consommateur permet à ce dernier d’acheter pas cher, contrairement aux grossistes et intermédiaires qui doublent et triplent parfois le prix du produit, ce qui engendre des augmentations non justifiées des produits agricoles. A titre d’exemple, un kilo de tomate chez l’agriculteur ne coûte pas plus de 20 DA, alors que les commerçants au niveau des marchés de gros le proposent à 50 DA. Arrivée chez les commerçants de détail, la tomate est affichée à 80 DA. Ainsi, par la vente directe, le consommateur pourra l’acquérir à un prix largement abordable. Pour les agriculteurs, cette démarche leur permettra de mieux vivre de leur activité, plutôt que de multiplier les intermédiaires dans la distribution. «Vous avez une valeur ajoutée puisque le produit est mieux vendu, alors que si vous le vendez à un grossiste il va vous pressurer pour l’acquérir», nous confie notre interlocuteur. Faut-il préciser qu’en raison de la désorganisation de la chaîne de commercialisation des produits agricoles, la marge bénéficiaire la plus infime revient à l’agriculteur, alors que les différents intervenants spéculateurs empochent le gros lot et s’enrichissent au détriment du citoyen.
T. K.