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samedi 20 avril 2024

Législatives du 12 juin : nationalistes vs islamistes (7 et fin)

Dans une autre atmosphère que celle qui règne aujourd’hui, on saurait avec un faible risque de se tromper par quoi se solderait, quant à l’essentiel tout au moins, la consultation du 12 juin. Dans les conditions normales de pression et de température, pourrait-on dire, la majorité des sièges reviendrait aux partis et aux indépendants nationalistes, et la minorité aux islamistes dans leur pluralité, toutefois avec une prédominance de l’un d’eux, le MSP. Comme dans ce cas la majorité serait issue de la même famille politique que le président de la République, ce dernier appellerait une personnalité de son choix à former le gouvernement. La Constitution a tenu à spécifier que cette personnalité porterait alors le titre de Premier ministre, non d’ailleurs sans une bonne raison. Si par contre la majorité élue venait d’un autre horizon politique, forcément islamiste dans cette hypothèse, la personnalité désignée pour former et diriger l’exécutif serait appelée chef de gouvernement. Cette distinction pourrait sembler superflue. Elle le serait en effet dans un régime politique où la cohabitation à la tête de l’Etat serait tout à fait improbable. Elle se justifie en revanche dans une phase de transition où les deux courants politiques majeurs pourraient être amenés à partager le pouvoir exécutif.

Ce n’est donc qu’à la proclamation des résultats que l’on saurait dans quelle situation le pays se trouverait, celle d’une cohabitation ou non. Pour autant, la probabilité la plus forte est que le chef de l’Etat aura à désigner un Premier ministre, c’est-à-dire quelqu’un de la même famille politique que lui. Il a été dit précédemment pourquoi ce scénario a le plus de chance d’advenir. On ne peut exclure pour autant qu’il soit au bout du compte démenti par le choix des électeurs. Dans le cas d’une majorité islamiste, ce sera la première fois que le pouvoir cesse d’être concentré dans les mains du président, pour être partagé entre lui et le représentant d’une autre famille politique que la sienne. C’est précisément dans une situation de cet ordre que se trouve actuellement la Tunisie, à ceci près que le chef du gouvernement actuel n’est même pas le chef de la majorité parlementaire, mais plutôt son otage. Toujours est-il que la Tunisie est manifestement dans l’impasse. Si elle a du mal à en sortir, c’est parce que son président ne dispose pas du pouvoir de dissolution. Son homologue algérien si. Si la cohabitation se passe mal, ce à quoi il faut le plus s’attendre, lui pourra dissoudre. Le pays n’en sera pas moins dans la crise dès ce moment. Laissons de côté pour l’heure la question de la nature précise de cette crise. Elle sera de toute façon grave si de nouvelles législatives sont organisées et qu’elles débouchent sur une deuxième victoire des islamistes. Nous n’en sommes pas là. D’ailleurs en plus de la cohabitation et de son contraire, il existe une troisième
possibilité : celle dans laquelle ni les nationalistes ni les islamistes ne détiennent la majorité et ne peuvent par conséquent former un gouvernement idéologiquement et politiquement homogène. Un gouvernement de coalition, sinon
d’union nationale, pourrait alors être envisagé. Ce ne serait plus dans ce scénario une cohabitation à la tête de l’exécutif seulement, mais également à l’APN. Avec un gouvernement de cette nature, le président pourrait ne pas avoir à partager le pouvoir comme dans le cas d’une cohabitation. Ce ne serait cependant qu’en apparence, car bon gré mal gré, il serait amené, triste métier, à n’envisager que les décisions les plus à même d’être approuvées par deux camps peu faits pour s’entendre. Probablement cela non plus ne marchera pas.
M. H.

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