Avant de se rendre à Washington, effectuant ce faisant sa première sortie à l’étranger depuis le début de la guerre, le président ukrainien Volodymyr Zelenski s’était fait filmer dans ce qui était censé être la ligne avancée ukrainienne dans Bakhmout, vêtu en tenue de combat parmi les combattants, et recevant d’eux un drapeau ukrainien, sur lequel un certain nombre d’entre eux avaient apposé leur signature. Juste auparavant, l’information avait circulé dans les médias occidentaux antirusses, suivant laquelle les éléments du groupe Wagner étaient entrés sinon dans le centre de Bakhmout, du moins dans sa périphérie immédiate, et qu’en conséquence les combats de rue avaient commencé. C’est donc au moment où la bataille de Bakhmout, en cours depuis des semaines, entrait soi-disant dans sa phase plus que décisive, finale, que Zelenski s’était aventuré sur le front, et que la contre-offensive ukrainienne s’était engagée, qui bientôt allait forcer le groupe Wagner à battre en retraite. A ce moment précis, personne n’était censé savoir que Zelenski était attendu à Washington, mais cela ne l’avait pas empêché de dire aux soldats qui lui remettaient le drapeau soigneusement plié qu’il comptait le prendre avec lui en se rendant à Washington pour en faire cadeau aux amis américains. C’est en effet ce qu’il fera lorsqu’il sera quelque temps plus tard reçu par le Congrès américain, où il tiendra un discours qui le fera beaucoup applaudir. Il ne semble pas toutefois que tous les congressistes soient présents, certains républicains manquant à l’appel, ce qui n’est pas un bon signe pour l’aide qu’il reste à apporter à la brave Ukraine dans sa résistance à l’envahisseur russe. Zelenki était encore à Washington qu’on apprenait des mêmes propagandistes que Bakhmout était repassée sous le contrôle ukrainien. En réalité, il s’agit là d’une mise en scène montée par les Ukrainiens, peut-être en accord avec des membres de l’administration Biden, pour faire coïncider la visite de Zelenski à Washington avec une nouvelle victoire sur les Russes. A aucun moment les Russes n’ont dit qu’ils avaient percé les défenses ukrainiennes et qu’ils étaient maintenant à deux doigts du centre de Bakhmout. Ils n’ont pas dit le contraire non plus. Ils n’auraient peut-être pas laissé dire qu’ils avaient entièrement perdu la bataille de Bakhmout, mais désavouer un succès qu’on leur prêtait mais qu’ils savent ne pas avoir accompli encore, voilà une idée qui peut-être ne leur serait pas venue. La mise en scène de Kiev ayant Bakhmout pour décor était nécessaire pour que le voyage du président soit un grand succès. De Fait, Zelenski a obtenu le renforcement de la défense aérienne de son pays par le système Patriot, probablement le meilleur au monde, en plus d’une aide à venir se chiffrant à plus de quarante milliards de dollars. Il serait difficile à tout autre que lui de faire aussi bien au cours d’un seul voyage, éclair par-dessus marché. Mais la manipulation qu’il a fallu organiser autour de Bakhmout pour que les Américains se montrent aussi généreux implique que ces derniers ne sont portés à l’être que dans la mesure où les Ukrainiens continuent de prouver qu’ils sont capables de vaincre la Russie. Il pourrait en être différemment s’il s’avère que la victoire finale ne sera pas ukrainienne mais russe. Tant que les Ukrainiens arrivent non seulement à résister mais à repousser quelquefois les forces russes, les Américains les aideront sans compter. Car pour eux il vaudra toujours mieux faire battre la Russie que la vaincre en lui faisant directement la guerre.